vendredi 21 décembre 2012

N° 7 :POLITIC'MALI

 

  Les moutons de la ville, se nourrissent n’importe où !


" FEUILLETON POLITIQUE"
Le Mali vient de vivre plusieurs événements politiques, qui ont eu sans doute, quelques échos dans les médias en Europe, mais dont je viens vous faire-part, avec un regard à partir du pays lui-même.
LUNDI 10 DECEMBRE : Journée annuelle dite E.I.D. « Espace d’Interpellation Démocratique ». C’est la 17ème année que cette journée se déroule. Explication !  En théorie, c’est une journée où le Malien Lamba peut se lever et venir dire au micro ce qu’il reproche aux responsables du pouvoir, exécutif, parlementaire ou  judiciaire ! Ca pourrait faire une belle cacophonie … ça l’a été au départ, mais maintenant les affaires sont régulées par une commission internationale…. Et l’on voit venir, par exemple,  (car tout est retransmis en direct à la télé !) une pauvre veuve qui se plaint « parce que telle personne bien placée et influente veut lui voler son terrain, et a fait démolir sa maison deux fois…et la justice donne raison au voleur ! » Après cette journée, une commission se réunit et tranche pour donner raison aux uns ou aux autres. Ainsi, certaines personnes ont retrouvé leurs biens dont ils avaient  été injustement spoliés. Les ministres sont sommés de venir s’expliquer en public, si une question les concerne ! C’est « la démocratie à la Malienne » !
MARDI 11 DECEMBRE : (le lendemain !) au petit matin, la radio nous apprend la démission du premier ministre Cheik Modibo DIARRA (et de son gouvernement). Ce dernier a été arrêté à son domicile par les « hommes du capitaine Sanogo » (celui qui a fait le putsch le 22 mars dernier), interrogé au camp militaire puis relâché. C’est à la suite de cela, qu’il a décidé qu’il ne pouvait plus être chef du gouvernement, puisqu’il ne pouvait plus gouverner ! L’événement ne provoque pas de troubles dans les rues… même si quelques jours auparavant  des milliers de personnes s’étaient mobilisés pour soutenir sa politique….  « Politique à la Malienne ! »
MERCREDI 12 DECEMBRE : Un nouveau premier ministre est trouvé : c’est Djongo CISSOKO (62 ans). C’est un homme discret,  affilié à aucun parti politique ! C’est un travailleur de l’ombre (un commis de l’état) qui depuis plus de 25  ans, est dans les rouages de l’administration et du gouvernement. Il a donc connu de très près les 3 derniers présidents de la République. Il a reconduit l’équipe gouvernementale en y enlevant les proches de l’ancien premier ministre. La nouvelle équipe garde les deux mêmes priorités : la reconquête du Nord, et la tenue d’élections présidentielles et législatives. Souhaitons-lui « bon vent »
VENDREDI 21 DECEMBRE : L’ONU donne son « Feu vert » pour la mise en place de la MISMA (Mission Internationale de Soutien au MA). Cette décision, espérée déjà par deux fois et à chaque fois repoussée, est reçue au Mali comme un soulagement. Elle peut permettre une mise en place rapide de l’intervention militaire dans le Nord. Espérons que cette intervention permette aussi de construire non seulement la sécurité, mais aussi la Paix véritable, par la reconnaissance des droits et des devoirs de chacun ! Vous allez sans doute entendre parler du Mali, dans les médias !

ET MOI,  DANS TOUT CA ?
 Brouette à grande vitesse (derrière une moto !)
1-       Je vais bien ! La santé est bonne, et le climat (« froid » diront les Maliens !) est bon pour les rares Européens qui sont là : 15 degrés le matin et 30 à midi ! J’ai continué mes occupations de formation de responsables et accompagnateurs de Mouvements à la capitale…. Puis…


      
Adam et Judith se retrouvent après 12 années !
2-      Le 14, j’ai pris la route défoncée (en car) pour aller à Ségou ! 4 heures et demie de transport pour faire à peine 250 kms ! Heureusement, le car était confortable. A Ségou, j’ai été accueilli dans une communauté religieuse des « sœurs servantes du Sacré Cœur » (de Versailles) où je connais bien Paulette HELIOT : Elle m’avait accueilli (en 1991) au centre d’accueil qu’elle gérait alors à Bamako, pour m’y reposer de mon Hépatite A.  Aujourd’hui à Ségou, elle est avec deux autres sœurs, et aussi 6 jeunes postulantes ou novices venant de plusieurs pays africains. Une bien belle équipe dynamique et simple. Mon séjour m’a permis aussi de rencontrer brièvement les responsables du MMTC, et plus longuement ceux de la JOC, avec qui nous avons pu bâtir un « plan de relance : côté jeunes, et côté accompagnateurs ». Et puis surtout, j’étais venu pour participer à un mariage dans une famille amie, la famille de Xavier TRAORE, ancien président national de la JOC quand j’en étais l’aumônier national. Xavier et sa femme Jacqueline ont aujourd’hui 5 enfants, dont « un prénommé Bernard, en souvenir » ! 


3-      Le lendemain, le 15, avec un jeune frère de Xavier et sa famille, j’ai pris la route de…. MOPTI ! Même si le consulat (je le sais) ne m’aurait pas donné l’autorisation, j’ai fait le choix de venir passer les fêtes dans le diocèse où je suis nommé : fête de Noël, fête du nouvel An, mais aussi fête du jubilé (25 ans d’ordination presbytérale) de Georges FONGHORO (qui est l’évêque) et de Noël SOMBORO (qui est à la commission nationale des finances, de l’épiscopat  Malien) et qui réside, lui-aussi, à la cathédrale de Bamako. En plus de ces fêtes, sont prévues deux journées de conseil diocésain de la pastorale, avec des délégués de prêtres, religieuses et laïcs de toutes les paroisses et mouvements. Belle occasion de brancher avec la réalité !

Donc, je suis là ! Je souhaite  -comme vous-  que le séjour se passe pour le mieux !
Photos et vidéos seront sur la prochaine page dans 2 semaines ! « Ni Allah sonna = Si Dieu veut ! », comme on dit souvent ici !
Et, en terminant, je souhaite :  
 Bonne fête de Noël  à chacune et chacun  !

Et meilleurs vœux : de Paix à construire,
 de Santé à conserver
et de Joie de vivre à inventer
pour Militer efficacement  durant toute l’année 2013 !

            Et Mille Mercis pour vos nouvelles et votre soutien !

samedi 8 décembre 2012

N° 6 : LE DIMANCHE A BAMAKO



réunion avec l'équipe nationale JOC





rencontre des trois Fidéi-Donum (Français), avec Kisoto TOGO supérieur du graand séminaire

travail avec Hortense DEMBELE, Nouvelle présidente du MMTC

-          POUR VOIR LES VIDEOS DU PELERINAGE A KITA : (cf blog précédent)
o    choisir un lien
o   Appuyer sur la touche « Ctrl » + cliquer (si vous choisissez la première formule de liens)
o   Ou cliquez directement sur  un des liens suivants :
-          http://www.youtube.com/embed/pN0JT9jOiII
-          http://www.youtube.com/embed/QtHi1thq4t8 

-          « LE DIMANCHE A BAMAKO…C’est un jour de mariage ! »  comme disent les chanteurs Amadou et Maryam !  Effectivement le dimanche 25 à 12 h, j’ai célébré le mariage de Fabien (d’origine Sénégalaise) et Roda (Malienne, récemment baptisée).  Un mariage dans le style Malien (une chorale qui s’est déplacée pour l’occasion ; des hommes et femmes habillés avec le même tissu ; une explosion de joie, par des chants et des danses autour des mariés à la fin de la célébration ; et les gens qui veulent se faire prendre en photo avec les mariés, et aussi avec le prêtre en aube… !..Une surprise : à cette messe de  mariage, je retrouve Judith…
= « qu’est-ce que tu fais-là ? »
= « Mais, la mariée, c’est la fille de ma copine qui est dans la TONTINE ! »
= « ah la fameuse tontine ! »

quelques membres de la tontine
-          LA TONTINE ? qu’est-ce que c’est ?  C’est une institution très répandue au Mali ! D’abord c’est une institution de femmes ! Les hommes (trop dépensiers sans doute) n’y ont pas leur place ! La tontine c’est « une bande de copines qui se font confiance », et qui se retrouvent une fois par mois (sans faute ! Si l’une ne peut pas venir, elle envoie quelqu’un avec l’argent nécessaire) et qui apportent chacune une somme d’argent bien précise. Dans la tontine où est Judith, elles sont 22 femmes, qui se retrouvent chaque premier samedi du mois, et qui apportent chacune 10 000 cfa (15 euros); elles mettent l’argent sur la table ;  et l’une d’entre elles (chacune son tour, ou en fonction des urgences qui peuvent arriver)  repart avec les 220 000 cfa. Ce mode d’épargne (sans risque, car il n’y a pas d’argent  déposé quelque part ; sans frais, car il n’y a aucune écriture comptable) permet à chacune de se donner un projet le jour où elle repart avec «  le magot ». Elle peut alors investir dans du matériel (frigo, gazinière etc) ou envisager un voyage, ou subvenir au mariage de sa fille …. Judith est dans cette tontine depuis 14 ans ! c’est dire la fidélité ! c’est dire aussi la bonne ambiance entre elles. Chacune son tour invite chez elle… ça papote, ça rigole, on boit un coup, on met l’argent en commun, on discute et on repart : le tout en moins de deux heures ! Une belle expérience de prise en charge, d’auto-détermination, et de mise en commun grâce à la confiance. Des tontines comme cela, il y en a des milliers dans le Mali ; certaines marchent même, semaines après semaines ; d’autres (plus rares) jours après jours : mais là, c’est surtout avec les commerçantes.


-          Les moniteurs des cours du soir ! Je vous ai déjà parlé des cours du soir dans une page précédente. Cette semaine, j’ai rencontré les moniteurs. Ils sont 12. Admirez la diversité :
o   O. a une formation en banque, mais est directeur d’école ! 
o   B. a une formation de juriste et est enseignant en collège
o   S. a une formation d’employé de bureau et est surveillant dans une école
o   Si. a une formation comme transitaire (import-export) et est enseignant au primaire
o   Ba. est encore étudiant et est stagiaire en même temps, dans une école, en second cycle
o   La avec une formation de comptable est directeur d’une école privée
o   Bou. Avec une formation de sociologue, et animateur dans un centre
o   G. avec un BTS en gestion, est enseignant
o   Ma. Avec une formation dans le contrôle aérien, travaille à l’aéroport (il est le seul à travailler dans sa branche!)


quelques uns des moniteurs
Leur point commun : ils sont tous jeunes (entre 20 et 25 ans) et sont militants à la JOC ;  et donnent tous les soirs 2 heures de leur précieux temps, pour dispenser des cours à des jeunes et des adultes. Ce qui est remarquable aussi c’est que la plupart travaillent dans l’enseignement et s’improvisent professeur, ou directeur, sans formation particulière. Le MMTC (équivalant de l’ACO, Action Catholique Ouvrière, en France) avait remarqué cela, et a mis sur pied des formations pour ces « travailleurs sans qualification adaptée ». Ils ont été ainsi plus de  400 à bénéficier de ces formations.

-          LE SAMEDI A BAMAKO…. C’est aussi jour de Mariage ! Aujourd’hui même, j’ai célébré le mariage de Judicaël, (Burkinabé et Chrétien) avec Makouta (Malienne et Musulmane). Des mariages « mixtes » (au niveau de la religion !) comme on en fait beaucoup ici…. Le mariage est à la cathédrale…. Mais demain, (Le dimanche à Bamako…..) il y aura aussi le « mariage musulman » à la mosquée…. pour les mêmes personnes !  précision : « ce mariage à la Mosquée », (qui est bien précisé sur le faire-part) c’est en fait une rencontre de prières pour les mariés, qui eux-mêmes, ne sont pas là ! Tout le monde m’a dit «  c’est mieux ainsi, pour la paix entre les familles ! » Ainsi, va le Mali !

vendredi 23 novembre 2012

N° 5 : RETOUR DE PELERINAGE




l'équipe de la Cathédrale: Timothée à sa gauche Manolo, en face Jean-Pierre, et entre nous, Noël








Confirmation de l’inscription au blog :
Tout d’abord, encore une précision pour avoir votre « alerte info quand j’ajoute une page au blog ». Voici la bonne démarche à faire ! Dans l’ordre !
1-      Aller sur le site kanaga85.blogspot.fr
2-      Quand celui-ci est ouvert, vous voyez en haut à droite, un case où il faut inscrire votre adresse mail, puis cliquer sur « s'abonner »
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LA NOUVEAUTE : le pèlerinage à Kita

L’Eglise du Mali est née officiellement un 20 novembre 1888 ! Et depuis 42 ans, un pèlerinage national est organisé sur le lieu de la première Mission Catholique, la ville de Kita, qi se trouve à 180 kms à l’ouest de Bamako, dans la direction de Kayes.  Là, a été érigé un grand sanctuaire marial, au centre de la ville, et un lieu de prière sur une colline (à 1 km de la ville) : ce qui permet une procession aux flambeaux à la nuit tombée.
Les 17-18 novembre passés, je me suis donc joint aux 10 000 pèlerins (environ). Pour ma part j’y suis allé avec ma voiture. C’était l’occasion de tester ses capacités, en « pleine charge », c'est-à-dire à 7 personnes, + les bagages (ça va de soi !!). La route est toute neuve et en bon état ; cela permet à de plus en plus de Maliens d’y aller par leurs propres moyens en 2 heures de temps, alors qu’en car, il faut au moins 3 h et en train de 4 à 5 h !!! Tout cela à partir de Bamako ; mais pour arriver à la capitale, certains (depuis le pays Dogon par ex.) ont déjà mis plus d’une journée. Faire le pèlerinage, pour eux, consiste en un voyage (qui n’est vraiment pas de tout repos) qui va durer entre 5 et  7 jours ! Voilà pour les conditions matérielles et de transport !
Le pèlerinage, en tant que tel, est un grand moment annuel de la communauté chrétienne. Il est préparé –de longue date- par un diocèse, à tour de rôle. Le weekend est surtout rempli par des célébrations (de la Parole, eucharistiques, mariale, pénitentielle) d’une procession aux flambeaux, et d’un spectacle théâtral (de nuit), en lien avec le thème choisi : « en Jésus, Fils de Marie, RETROUVE TA DIGNITE ! ». Le spectacle –qui mêle sérieux et humour pendant presque 2 h- reprend l’actualité de la vie quotidienne, et aussi la vie publique, politique et le contexte d’insécurité que vivent beaucoup de Maliens. Il a été beaucoup question de la Paix, fruit de la Justice, qu’il faut chercher, bâtir inlassablement ! Le dialogue (entre générations, entre personnes différentes), et le refus de toute corruption sont mis en honneur ! C’est un beau spectacle et un bon temps de formation citoyenne et chrétienne. Le tout, accompagné par une chorale et des danseurs qui ont répété des semaines entières ! Le dimanche, c’est surtout, une messe, disons une « grand’messe », car elle dure de 8h 30 à 12h 30 : 4 heures de chants, de processions, de danses, d’homélie, et aussi de discours officiels, car il y avait, en plus du Nonce Apostolique (basé à Conakry), pas moins de 4 ministres, et 10 délégués de ministres  (presque tous des Musulmans)! C’est aussi vous dire aussi, la protection policière et militaire qui nous entourait ! L’événement médiatique et politique de cet événement, c’est  la présence du ministre des affaires religieuses et des cultes, Yacouba TRAORE,
le ministre des cultes au micro devant une assemblée de 10 000 chrétiens
un tout nouveau ministère, créé à l’instar de l’Algérie, et qui faisait redouter chez certains, –ce n’est pas un secret, car cela a été écrit dans les journaux- une mise en place d’un intégrisme musulman. C’est sûrement important et symbolique d’un tel ministre prenne la parole à la fin de l’eucharistie, avant la bénédiction finale de l’archevêque. Pour en savoir plus sur ce pèlerinage, n’hésitez pas à aller sur le site de l’Eglise du Mali (C’est Timothée qui en a la responsabilité) : www.eglisedumali.org
Ce que j’ai admiré, c’est aussi l’organisation matérielle de l’événement : question sonorisation, sécurité, logistique, rien à redire ! N’oublions pas qu’il a fallu faire cuire le riz et la viande, dans des énormes marmites, et sur feu de bois, pour  plus de 10 000 personnes, et pendant deux jours! On n’a pas les mêmes moyens que lors d’un rassemblement national de la JOC ( !) mais on mange aussi bien !

dans mon bureau à la cathédrale
Sur la route, je me suis arrêté pour cueillir des tiges de mil, de sorgho et de coton pour décorer mon bureau J’ai mis le coton sur la Croix, car je pense –comme d’autres- que le Christ est aujourd’hui encore crucifié à travers l’exploitation des paysans Maliens qui cultivent l’un des cotons parmi les meilleurs du monde… qui cultivent « à main nues », et à qui on ne paye pas un prix respectueux de leur travail. 
Pour confirmer cela, je vous livre des extraits du livre « l’Afrique Humiliée » de Aminata TRAORE, (1) (2) une militante reconnue sur la place publique de Bamako :

 « Les prix du marché du coton sont fixé à Liverpool ou à Chicago. L’échange des marchandises a toujours été le moyen de déposséder les pays du sud, en mettant leurs gouvernants à contribution et en les sanctionnant quand ils ne se pliaient pas à la loi du plus fort. Le cours qui était fixé à 3 dollars le kilo en 1980 a chuté à 0,35 dollar en  octobre 2011, le cours le plus bas depuis 1972, en raison d’une forte production mondiale. Mais ces années-là, le coût de production était de 48 à 53 cents par livre en Afrique, et de …. 73 cents eu Amérique. Les USA n’arrivent à se maintenir sur le marché qu’en subventionnant leurs 25 millions de producteurs ! Il a été calculé que cette subvention représente 4,8 milliards de dollars, par an, soit trois fois le montant de l’aide américaine à tout  le continent noir !!! Le coton n’a pas pour objectif de servir l’Afrique et les Africains, mais d’approvisionner les filatures de métropoles du Nord ! Aujourd’hui, ne sachant plus où donner de la tête, les plus vulnérables des paysans vendent leurs charrues et leurs maigres biens, pour que leurs enfants partent en ville… y trouvent le chômage…et rêvent de partir en Europe !
Je persiste et je signe : il n’y a pas plus voleur ni plus corrupteur que le marché  dit « libre et concurrentiel » dont les gagnants  trichent, mentent et tuent en toute impunité, mais à petit feu, à travers les politiques qu’ils imposent »

(1)    Elle joue aussi dans le film « Bamako », qui existe en DVD ! à voir et revoir ! Il est en dépôt dans la « Malette-Mali » au secrétariat national de la JOC, à Courbevoie.
(2) Voici aussi, ci-dessous, un autre (long) texte d'elle , à propos de ce qui se vit au Mali. Un beau texte de Militante paru sur lanouvelletribune.com en ce 22 novembre !


"De la situation dramatique du Mali, il ressort une réalité terrible qui se vérifie dans d’autres pays en conflit : l’instrumentalisation des violences faites aux femmes pour justifier l’ingérence et les guerres de convoitise des richesses de leurs pays. Les femmes africaines doivent le savoir et le faire savoir.
Autant l’amputation du Mali des deux tiers de son territoire et l’imposition de la charia aux populations des régions occupées sont humainement inacceptables, autant l’instrumentalisation de cette situation, dont le sort réservé aux femmes, est moralement indéfendable et politiquement intolérable.
Nous avons, de ce fait, nous femmes du Mali, un rôle historique à jouer, ici et maintenant, dans la défense de nos droits humains contre trois formes de fondamentalisme : le religieux à travers l’islam radical; l’économique à travers le tout marché; le politique à travers la démocratie formelle, corrompue et corruptrice.
Nous invitons toutes celles et tous ceux qui, dans notre pays, en Afrique et ailleurs, se sentent concernés par notre libération de ces fondamentalismes à joindre leurs voix aux nôtres pour dire "Non" à la guerre par procuration qui se profile à l’horizon. Les arguments suivants justifient ce refus.

Le déni de démocratie

La demande de déploiement de troupes africaines au nord du Mali, transmise par la Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Union Africaine (UA) aux Nations Unies, repose sur un diagnostic délibérément biaisé et illégitime. Il n'est fondé sur aucune concertation nationale digne de ce nom, ni au sommet, ni à la base. Ce diagnostic exclu par ailleurs la lourde responsabilité morale et politique des nations, celles qui ont violé la résolution 1973 du Conseil de Sécurité en transformant la protection de la ville libyenne de Ben Ghazi en mandat de renverser le régime de Mouammar Kadhafi et de le tuer. La coalition des séparatistes du mouvement national de libération de l'Azawad (MLNA), de Al Kaeda au Maghreb Islamique (AQMI) et de ses alliés qui a vaincu une armée malienne démotivée et désorganisée doit également cette victoire militaire aux arsenaux issus du conflit libyen.
Le même Conseil de Sécurité va-t-il approuver, dans les jours à venir le plan d’intervention militaire  que les Chefs d’Etat africains ont approuvé en prétendant corriger ainsi les conséquences d’une guerre injuste par une guerre tout aussi injuste ?
Marginalisée et humiliée dans la gestion de la crise "libyenne", l'Union Africaine peut-elle, doit-elle se lancer dans cette aventure au Mali sans méditer les enseignements de la chute du régime de Mouammar Kadhafi ?
Où est la cohérence dans la conduite des affaires du continent par les dirigeants africains, dont la plupart s’était opposé en vain à l’intervention de l’OTAN en Libye, lorsqu'ils s’accordent sur la nécessité d'un déploiement de forces militaires au Mali, aux conséquences incalculables.

L’extrême vulnérabilité des femmes dans les zones en conflit

L'international Crisis Group prévient, à juste titre, que « Dans le contexte actuel, une offensive de l’armée malienne appuyée par des forces de la CEDAEO et/ou d’autres forces a toutes les chances de provoquer davantage de victimes civiles au Nord, d’aggraver l’insécurité et les conditions économiques et sociales dans l’ensemble du pays, de radicaliser les communautés ethniques, de favoriser l’expression violente de tous les groupes extrémistes et, enfin, d’entraîner l’ensemble de la région dans un conflit multiforme sans ligne de front dans le Sahara ». (« Le Mali : Éviter l’escalade » International Crisis Group - http://www.crisisgroup.org/fr- 18 juillet 2012).
Ces conséquences revêtent une gravité particulière pour les femmes. Leur vulnérabilité qui est sur toutes les lèvres, devrait être présente dans tous les esprits lors des prises de décisions, et dissuasive quand la guerre peut être évitée. Elle peut l'être. Elle doit l’être, au Mali.
Rappelons que les cas de viols que nous déplorons dans les zones occupées du Nord de notre pays risquent de se multiplier avec le déploiement de plusieurs milliers de soldats. A ce risque, il faut ajouter celui d’une prostitution plus ou moins déguisée qui se développe généralement dans les zones de grande précarité et par conséquent les risques de propagation du VIH/SIDA. Le  plan d’intervention militaire sur lequel le Conseil de Sécurité va se pencher prévoit-il des moyens de mettre réellement les femmes et les fillettes du Mali à l’abri de ce type de situation désastreuse ?
Rappelons également que sur l'ensemble du territoire les sanctions économiques imposées par la communauté internationale au peuple malien au nom du retour à un ordre constitutionnel discrédité affectent considérablement les groupes vulnérables. Les femmes du fait de la division sexuelle des tâches sont confrontées au niveau domestique à l'énorme difficulté d'approvisionnement des familles en eau, nourriture, énergie domestique, médicaments. Cette lutte quotidienne et interminable pour la survie est déjà en soi une guerre. Dans ces circonstances de précarité et de vulnérabilité des populations, et des femmes en particulier, l'option militaire en préparation est un remède qui à toutes les chances d'être pire que le mal alors qu’une alternative pacifique, émanant de la société malienne, civile, politique et militaire, sera constructive.

Des incohérences de la communauté internationale

Chacun des puissants représentants  de la « communauté internationale »  ainsi que  la CEDEAO et l’Union Africaine ont prononcé des mots à propos de nos maudits maux de femmes en situation de conflit.
A tout seigneur tout honneur,  le Président français, François Hollande, qui joue le rôle de chef de file dans la défense de l’option militaire, a souligné la souffrance des femmes « premières victimes des violences des guerres » (Kinshasa - Quatorzième sommet de l’Organisation Internationale de la Francophonie).                                                                                                                                                   Et pourtant, il a déclaré le 26 septembre 2012, à New York, lors de la réunion spéciale sur le Sahel, en marge de l'Assemblée Générale des Nations Unies "Je sais qu'il peut y avoir une tentation de mener des négociations. Négocier avec des groupes terroristes ? Il ne peut en être question. Toute perte de temps, tout processus qui s'éterniserait ne pourrait faire que le jeu des terroristes".               
 "Il faut savoir terminer une guerre", semblent dire les Présidents américains et français. « La guerre d’Afghanistan s’est prolongée au-delà de la mission initiale. Elle attise la rébellion autant qu’elle permet de la combattre. Il est temps de mettre fin en bon ordre à cette intervention et j’en prends ici l’engagement. » déclara le candidat François Hollande, dans son discours d’investiture à l’élection présidentielle.
La Secrétaire d’Etat américaine aux affaires étrangères, Hillary Clinton dont l’escale du 29 octobre 2012, à Alger, avait en partie pour objet de convaincre le Président Abdelaziz Bouteflika de rejoindre le camp de la guerre, s'était adressée aux Chefs d’Etat africains réunis à Addis-Abeba en ces termes : « En République Démocratique du Congo, la poursuite des actes de violences contre les femmes et les filles et les activités des groupes armés dans la région orientale du pays, sont pour nous une source constante de préoccupation. L’Union Africaine et les Nations Unies ne doivent épargner aucun effort en vue d’aider la RDC à réagir à ces crises sécuritaires incessantes ».
L’initiative du secrétaire des Nations Unies, Ban Kid Moon, intitulée « Unis pour mettre fin à la violence contre les femmes », lancée le 25 janvier 2008, accorde une attention particulière aux femmes de l’Afrique de l’Ouest. C'était avant les guerres en Côte d'Ivoire et en Libye qui ont largement compromis la réalisation des objectifs assignés à cette initiative. Nous comprenons sa réserve quant au déploiement militaire et espérons qu'il ne soutiendra pas le plan d'intervention des Chefs d'États de la CEDEAO. La guerre, rappelons-le, est une violence extrême contre les populations civiles, dont les femmes. Elle ne peut que nous éloigner des objectifs visés par cette initiative. 
Pourquoi les puissants de ce monde qui se préoccupent tant du sort des femmes africaines ne nous disent pas la vérité sur les enjeux miniers, pétroliers et géostratégiques des guerres.
La présidente de la commission de l'UA, Nkosazana Dlamini-Zuma, pour sa part, souligne que "Il est crucial que les femmes contribuent à, et s’impliquent activement dans, la recherche d’une solution au conflit. Leurs voix doivent être entendues dans les efforts visant à promouvoir et à consolider la démocratie dans leur pays. A cette fin, vous pouvez, sans aucun doute, compter sur le soutien de l`Union Africaine, ainsi que sur mon engagement personnel. » (Réunion du groupe de soutien et de suivi de la situation au Mali - 19 novembre 2012)
La nomination pour la première fois d'une femme à ce poste pourrait être un facteur véritable d'émancipation politique pour les femmes et donc de libération du Continent, si Nkosazana Dlamini-Zuma accepte d'élargir la base du débat sur les femmes africaines en y intégrant les enjeux globaux qui nous sont dissimulées.

Notre triste statut d’otages

Le Mali est un pays à la fois agressé, humilié et pris en otage par des acteurs politiques et institutionnels qui n'ont aucun compte à nous rendre, à commencé par la CEDEAO. L'une des traductions de cette réalité est l'énorme pression exercée sur ce qui reste de l'État malien. Le Président par intérim, Dioncounda Traoré, est le premier des otages maliens. S’il a cru devoir rappeler, le 19 octobre 2012, lors de la réunion du groupe de soutien et de suivi de la situation de notre pays, qu’il n’est pas un Président pris en otage, c’est précisément parce qu’il l’est. Sinon il n’aurait pas répété à trois reprises, le 21 septembre 2012, la veille de l’anniversaire de l’indépendance de notre pays qu’il a privilégie le dialogue et la concertation, et demandé aux Nations Unies, trois jours plus tard, une intervention militaire internationale immédiate. « J’ai conscience d’être le président d’un pays en guerre mais le premier choix est le dialogue et la négociation. Le deuxième choix est le dialogue et la négociation et », insiste-t-il « le troisième choix demeure le dialogue et la négociation.  Nous ferons la guerre si nous n’avons pas d’autre choix… », a-t-il déclaré dans son discours à la nation avant de changer d’avis.
Au-delà du président intérimaire, nous sommes tous des otages prisonniers d'un système économique et politique inégalitaire et injuste qui excelle dans l'art de briser les résistances à coup de chantage au financement. La suppression de l'aide extérieur se traduit cette année 2012 par un manque à gagner de 429 Milliards de francs CFA. La quasi totalité des investissements publics sont suspendus. La fermeture de nombreuses entreprises a occasionnée licenciements et chômage technique pour des dizaines de milliers de travailleurs alors que les prix des denrées alimentaires continuent de flamber. Les pertes les plus importantes sont enregistrées dans les secteurs du bâtiment et des travaux publics. Le tourisme, l'artisanat, l'hôtellerie et la restauration, qui subissaient depuis 2008 les conséquences de l'inscription du Mali sur la liste des pays à risques, sont gravement affectés alors qu'ils constituaient des sources de revenus substantiels pour les régions aujourd'hui occupées, notamment celle de Tombouctou.
Référence est faite au statut d'otage non point pour dédramatiser l'épreuve insupportable des otages européens et de leurs familles mais pour rappeler l’égale gravité de la situation de tous les êtres humains piégés dans des systèmes dont ils ne sont pas personnellement responsables. La question est toutefois de savoir comment agir de telle sorte que notre pays retrouve son intégrité territoriale et la paix, et que les six Français détenus par AQMI retrouvent leurs familles sains et saufs, sans que ces libérations n’ouvrent la voie à une intervention militaire qui mettrait en péril la vie des centaines de milliers d'habitants du Nord Mali qui sont autant d'otages.

La guerre par procuration

Le choix de la guerre se nourrit d'une connaissance insuffisante des véritables enjeux. Jacques Attali donne à ceux qui veulent s’en saisir, une clef de lecture qui prouve s'il en était besoin que l'intervention militaire envisagée est une guerre par procuration. Selon lui, la France doit agir « … parce que cette région (le Sahel) peut devenir une base arrière de formation de terroristes et de kamikazes qui viendront s’attaquer aux intérêts occidentaux un peu partout dans la région ; et même, par de multiples moyens de passage, en Europe. Ils ne sont encore que quelques centaines ; si rien n’est fait, ils seront bientôt plusieurs milliers, venus du Pakistan, d’Indonésie et d’Amérique Latine. Et les gisements d’uranium du Niger, essentiels à la France, ne sont pas loin. » (Blog Attali. 28 mai 2012.)
La distribution des rôles entre la France, la CEDEAO, l’Union Africaine, l’Europe et l’ONU est clarifiée. La CEDEAO, dont de nombreux Maliens et Africains ne comprenaient pas jusqu’ici le jeu trouble est en mission au Mali. Selon Jacques Attali, l’organisation sous régionale devait agir « pour redonner aux autorités civiles les moyens de décider, sans peur, de rétablir la sécurité, de restructurer l’appareil militaire et de faire redémarrer l’activité économique ; au Nord, pour mettre fin à cette sécession, il faudra une action militaire sur le terrain, avec un appui logistique à distance, des moyens d’observation, des drones et une capacité d’encadrement stratégique.
Qui peut faire tout cela ? Evidemment pas le gouvernement malien tout seul, qui n’a ni armes, ni autorité. Pas non plus la CEDEAO qui n’a pas les moyens militaires suffisants pour assurer l’ensemble de l’action nécessaire et qui ne peut même pas espérer en recevoir la demande du gouvernement malien, sous influence de forces incertaines. Pas non plus l’Union Africaine, en tout cas pas seule. Alors qui ? l’ONU ? l’OTAN ? La question va se poser très vite. Elle est, à présent, posée. Là encore, l’Europe devrait évidemment être unie et se mettre en situation de décider et d’agir. Elle ne l’est pas. Or, si les médiations actuelles échouent, il sera bientôt nécessaire de réfléchir à mettre en place une coalition du type de celle qui a fonctionné en Afghanistan. Avant qu’un équivalent du 11 septembre 2001 ne vienne l’imposer »(Le Blog de Jacques Attali : le 28 mai 2012)
Tout est donc clair. La guerre envisagée au Mali s'inscrirait dans le prolongement de celle de l'Afghanistan, d'où la France et les États Unis se retirent progressivement après onze années de combats et de lourdes pertes en hommes, en matériel et finance. Le Sahel étant la zone d'influence de la France, celle-ci prend la direction des affaires concernant le Mali et sous-traite la violence militaire à la CEDEAO. Ce transfert fait politiquement correct pour ne pas être accusé de colonialisme et d'impérialisme, mais aussi pour réduire le coût de la guerre et ne pas enregistrer d'autres pertes en vies humaines. Les opinions publiques occidentales tolèrent de moins en moins que leurs ressortissants meurent dans la défense de « nos » causes. Ainsi, au même titre que les tirailleurs sénégalais, les troupes africaines sont appelées à prêter main forte à la France.

La mondialisation des maux et des réseaux

Le radicalisme religieux n'a pas besoin, dans un tel contexte, du nord du Mali pour se répandre en Afrique de l’Ouest et dans le monde. L’économie mondialisée sur la base de l’injustice et des inégalités est une machine à broyer les économies locales, les sociétés et les cultures qui lui offrent le terreau nécessaire.
De la mer rouge à l’Atlantique, de l’Afghanistan au Nigeria, de Toulouse, où Mohamed Merah a agi et a été abattu, à Tombouctou, les enjeux sont à la fois idéologiques, civilisationnels, identitaires, mais aussi économiques, politiques et géostratégiques. Les acteurs et les forces en présence sont à peu près les mêmes, avec des variantes locales à manipuler telle que la rébellion touareg au Mali.
Par ailleurs, Afghans, Pakistanais, Algériens et autres prêcheurs ne sont pas de nouveaux venus au Mali. Ils ont fait leur apparition dans les mosquées, à partir de la décennie 90, au moment où les conséquences sociales et humaines dramatiques des Programmes d’Ajustement Structurel (PAS) sur l’emploi, le revenu et le lien social commençaient à se faire sentir.

La perspective « badenya » comme alternative à la guerre  

Des femmes maliennes et africaines bien imprégnées des enjeux et des rouages mortifères de la mondialisation néolibérale n’en cautionnent pas les guerres. Aux valeurs guerrières et prédatrices de l’ordre économique dominant, nous opposons des valeurs pacifistes, qui nous réconcilient les uns avec les autres, ainsi qu’avec le reste du monde. Badenya, (enfants de la mère) est l’une de ces valeurs que nous nous devons, femmes du Mali, de cultiver d'avantage et d’opposer à la valeur masculinefadenya (les enfants du père) qui dans sa version ultralibérale autorise la course effrénée et fratricide au profit, au point de brader des entreprises publiques rentables, de céder des terres agricoles aux dominants et d'accepter la partition du territoire national.
Profondément ancré dans la perspective badenya, notre refus de la guerre plonge ses racines dans une conception de la procréation selon laquelle mettre un enfant au monde est déjà une manière de monter au front (musokele)Et trop nombreuses sont celles qui parmi nous périssent en enfantant. Nous bataillons jour après jour contre la faim, la pauvreté, la maladie, pour que chaque enfant grandisse, travaille, s’assume et assume sa part de responsabilité.
Aussi, en chaque soldat, comme en chaque rebelle et en chaque nouveau converti au djihadisme qui vont s'affronter en cas de guerre, chacune de nous reconnaît un frère, un fils, un neveu, un cousin. Hier, ils étaient en quête d’un statut social à travers l'emploi, le revenu ou alors un visa. Ce fut souvent en vain… A présent, ils ont entre leurs mains tremblantes des armes de guerre.
La lucidité et la maturité politique devront être nos armes dans ce monde sans foi ni loi. Il n'y a aucune raison que le Mali s'engage sur un terrain où la France et les États Unis d'Amérique reculent, en dépit de la puissance de feu de l'OTAN.
A l’économie de la guerre, nous femmes du Mali, opposons l’économie de la vie en faisant de la transition en cours une occasion historique de relever le triple défi du savoir, de la citoyenneté et du dialogue. Les évolutions en cours sur le terrain, dont la volonté de négociation d’Ansar Dine et du MNLA, la modification constante des rapports de force ainsi que des stratégies et des interactions entre les différents groupes présents, doivent être examinées avec l'attention nécessaire de manière, non seulement à éviter une guerre potentiellement tragique mais aussi à écarter les écueils des accords passés.
Les concertations nationales envisagées depuis des mois doivent se tenir enfin, permettant à la société malienne dans son ensemble de se retrouver et de définir elle-même les bases et les conditions d’une solution concertée (et non imposée) au conflit présent. Nous, femmes du Mali, y contribuerons pleinement, comme demain nous contribuerons à la refondation de la démocratie dans notre pays selon des valeurs de société et de culture qui nous sont familières.
Il s'agit, en somme, de crédibiliser, de renforcer la  capacité d'analyse, d'anticipation et de proposition de la société malienne, civile, politique et militaire.
Nous demandons à toutes celles et à tous ceux qui partagent notre approche d'interpeller immédiatement les principaux acteurs de la communauté internationale, par écrit ou sous toutes autres formes d’expression, en plaidant pour que le Conseil de Sécurité n'adopte pas une résolution autorisant le déploiement de milliers de soldats au Mali.
Signataires :          Aminata D. TRAORE ; SISSOKO Safi  SY ; SANOGO Sylvie KONE ; IMBO Mama SY ;  Kadiatou TOURE ;  TRAORE Sélikèné SIDIBE(Vieux) ;  DICKO Rokia SACKO ; Ténin  DIAKITE ;  DOUMBIA Fanta DIALLO ;  KONE Mamou TOURE ;  TRAORE Sarata SANOGO ;  TRAORE Penda DIALLO ; DIABATE Kadiatou KOUYATE ; Aminata BOCOUM ; Oumou KODIO ;  Assatou KAREMBE ; Awa KOÏTA ; Aminata DOUMBIA ; Fatoumata COULIBALY ; Badji BOIRE ; Awa TOURE ; Bintou KONE ; Fatoumata MARIKO ; Mariam KONE ; Minata DIARRA ; Oumou KEITA ; Kadiatou DIALLO ; Kankou KONE ; Rokia NIARE ; Kadia DJIRE ; Ada NANTOUMA ; Awa COULIBALY ; Soungoura DOUMBIA ; Fanta KANTE ; Safiatou COULIBALY ; Djaba TANGARA ; KONE Mama DIARRA ; Ismael DIABATE ; Karamoko BAMBA; Doumbi FAKOLY; Coumba SOUKO ;  Clariste SOH-MOUBE ; Nathalie M’DELA-MOUNIER ;