samedi 30 mars 2013

N° 15 : SEMAINES SPECIALES




Avec un âne et une charrette, on peut tout transporter !

-          Samedi 16 mars : Matinée de formation avec le Bureau national  du MMTC, pour apprendre à réaliser un journal ! Cela m’a rappelé « le bon temps » où j’étais « rédacteur en chef » (ça jette !) de la grande revue ACCOMPAGNER (pour les accompagnateurs JOC de France). Je reconnais que cette responsabilité qui m’a appris beaucoup de choses, m’aura servi…. jusqu’au Mali ! …. Tout en sachant que sous la chaleur Malienne, (plus de 40 degrés tous les jours, actuellement) on a encore plus de peine à tenir le calendrier !!!
-          Le même jour dans l’après-midi : dépouillement d‘une enquête réalisée par une équipe JOC : celle de Misra : 9 jeunes qui ont décidé de faire une enquête auprès de leurs copains, sur « les relations gars-filles » : 112 enquêtes remplies sur un objectif de 200 ! c’est bien ! Résultats et analyse dans un prochain blog. Ma joie ce jour-là, c’est d’avoir pu accueillir Matthieu (jeune diacre Salésien) qui habite aussi le quartier, (dans une école professionnelle) et qui veut bien se lancer dans l’aventure de l’accompagnement JOC, en suivant cette équipe ! 
l'équipe en plein dépouillement !
-          SEMAINE du 17 au 23 : je suis parti à Sikasso (à 400 kms au sud-est de Bamako, vers la frontière Ivoirienne) pour y visiter des amis Salésiens avec qui j’avais travaillé autrefois à Bamako, et pour y prendre quelques jours de repos. J’y ai retrouvé tous les prêtres du diocèse réunis autour de leur évêque pour la messe Chrismale : une occasion imprévue de retrouver des copains ! c’est aussi l’occasion de remplir ma grande voiture avec 5 responsables jocistes (et leurs bagages !) pour une session  nationale de formation qui s’est tenue le weekend des Rameaux à Kati (15 kms de Bamako), et à laquelle j’ai participé grandement comme intervenant !
un groupe de travail pendant la session de formation: certaines régions ont ressuscité le foulard!
-          La Semaine Sainte à Bamako : je la vis dans une communauté de base (à Jikoroni-Para) : environ 500 personnes à chaque célébration. Tout est pris en charge par les responsables laïcs ! Une joie d’être avec eux ! Ce soir, 5 jeunes vont être baptisés à la veillée pascale. Toute leur formation a été assurée par des catéchistes.
-    BONNES FETES DE PAQUES à Chacune et chacun



En cadeau de Pâques, je vous offre (virtuellement) des mangues: nous sommes en pleine saison: elles sont bonnes et nombreuses !

 
 ACTUALITE  MALIENNE, Vu dans le journal « l’indépendant » du 27 mars
« Pour protester contre les licenciements abusifs au niveau des stations Total-Mali, le syndicat des travailleurs de cette société française menace de partir en grève les 28 au 30 mars prochains si la direction de ce service ne réintègre deux de leurs collègues qui viennent d’être selon eux injustement licenciés. L’information a été donnée dimanche à la Bourse du travail au cours d’un point de presse organisée à la bourse du travail. Cette conférence était animée par le secrétaire général du syndicat national des travailleurs de Total Mali, Boubacar Cissé, lequel avait à ses côtés plusieurs membres de son bureau. D’entrée de jeu le conférencier a déploré le climat délétère et la pression quotidienne exercée par la direction à travers  les gérants de Station. «  Pour un rien du tout nos camarades sont virés, souvent ils apprennent leurs licenciements au téléphone » a déploré le conférencier.
Il a par la même occasion regretté les conditions de recrutement au sein de la boite. « La direction de Total Mali refuse de signer des contrat avec nous. Pour ce faire, elle charge soit les gérants ou une société de prestation de service  de recruter ses agents. Le pire est que nous n’avons aucun contrat  avec ces structures» a regretté M. Cissé. Par ailleurs, il  s’est étonné  comment une société française d’une grande renommée peut exploiter ses travailleurs de la sorte. »

vendredi 15 mars 2013

N° 14 : GREVES



On le sait , le Malin va mal… mais ça ira  mieux demain ! C’est ce que tout le monde espère ! En attendant  :
-         Ces jours-ci, les étudiants étaient en grève parce que l’on a diminué leurs bourses scolaires plus que prévu, pour pouvoir payer les militaires ! .....puis
-        .... des militaires ont abandonné leur poste à  Djabali (où il y a eu de grands combats, il y a un mois) et sont partis vers Ségou, pour y réclamer la prime promise, et qui ne venait pas !... puis
-       .... Un rédacteur en chef d’un journal s'est retrouvé en détention provisoire parce qu’il a osé dire ce que beaucoup pensent tout bas, à propos du salaire accordé avantageusement à un gradé de l’armée ! L’arrestation de ce journaliste a provoqué la grève de toutes les médias (journaux, radio) pendant plusieurs jours ! Pour en savoir plus, aller voir sur le site Malijet.com ou afribone.com, ou écoutez RFI

Pour pouvoir parler plus librement, je préfère donner la parole à Aminata TRAORE, mondialement connue : une sorte de « Stéphane Hessel à la Malienne » (la formule est de moi, et n’engage que son auteur !!!). Voici ce qu’elle écrivait sur la situation de guerre du Mali, du sort réservé aux femmes et la situation du Mali, en général : (source, Journal l’humanité)

L'ancienne ministre de la culture du Mali fait partie des huit femmes "rédactrices en chef d'un jour de l'Humanité" de ce vendredi 8 mars, journée internationale des droits des femmes.
"Je rends hommage à Stéphane Hessel, qui reconnaissait à tout être humain le droit à l’indignation face à l’ordre injuste et violent de notre monde. Je suis une femme malienne indignée par l’humiliation infligée à son pays au nom de la démocratie libérale et de la croissance sans le développement, l’emploi et le revenu. De mon point de vue, il n’y a pas une crise malienne en tant que telle, exigeant la tutelle politique et militaire de la France qui s’appuie sur la Cedeao, l’Union africaine (UA) et l’ONU.
L’État du Mali est l’une des expressions tragiques de l’échec du modèle néolibéral. Je rends également hommage à Hugo Chavez, un autre homme de courage et de dignité, que son peuple pleure aujourd’hui. Le président Hugo Chavez ne s’est pas enrichi, mais a accordé la priorité à la satisfaction des besoins sociaux vitaux des Vénézuéliens en y consacrant l’argent du pétrole.
D’élection en élection, nous cherchons au Mali, mais en vain, des dirigeants qui se soucient de leurs concitoyennes au lieu de chercher à plaire aux investisseurs étrangers et à vendre notre or et nos terres agricoles à notre insu. Nous sommes confrontés, en Afrique, à la crise des valeurs que Stéphane Hessel et Hugo Chavez, que j’ai eu le privilège de connaître, incarnent à mes yeux : le respect de la dignité humaine et la volonté politique d’écouter et de répondre aux questions légitimes que les peuples se posent.
Le pétrole, qui a permis à Hugo Chavez de disposer des moyens de sa politique sociale, est, précisément, la richesse énergétique dont la convoitise nous a valu l’intervention de l’Otan en Libye, dont les arsenaux ont fourni aux séparatistes et aux islamistes les armes de la conquête des régions de Kidal, Gao et Tombouctou. Nous sommes, à présent, confrontés au monde global, dans sa complexité, ses mensonges, ses crises et ses violences.
Les puissances occidentales, qui ont transformé la résolution 1973 du Conseil de sécurité visant à protéger les populations de Benghazi en mandat de renverser le régime de Mouammar Kadhafi et de le tuer, ont créé les conditions de la victoire militaire des séparatistes et des islamistes sur l’armée malienne, l’occupation du Nord et par conséquent les violences faites aux femmes et la destruction des mausolées. Présentée comme inéluctable, la guerre contre le terrorisme a été déclenchée le 11 janvier 2013 avec l’opération «Serval». Un accord quasi unanime, mais tragique pour le peuple malien entoure cette intervention.
« La guerre légitime, légale, rapide et propre », que le président par intérim, Dioncounda Traoré, prétendait mener à bien, avec l’appui de la « communauté internationale » est déjà dans l’impasse. La France qui le sait, envisage de se retirer et impose unilatéralement la transformation de la Mission internationale de soutien au Mali (Misma) en force de maintien de la paix. Les djihadistes font preuve, à Gao, Kidal et dans l’Adrar des Ifoghas, d’une résistance farouche qui ne surprend que ceux qui ne veulent pas méditer les enseignements de l’Irak, de l’Afghanistan et de la Somalie.
Ce 8 mars 2013 est pour moi l’occasion d’insister sur les risques que les choix et les décisions des dominants nous font courir. Je rends hommage à toutes les femmes, mères, épouses, tantes, sœurs et autres parentes de soldats maliens, français, tchadiens, nigériens, nigérians, sénégalais… ainsi qu’aux parents des otages qui ont les yeux tournés vers le nord de mon pays et qui craignent pour la vie d’un être cher. La peur des mères et épouses des soldats maliens est à la dimension de l’état de dénuement et d’impréparation de notre armée.
Par ailleurs, les soldats ne se battent pas que contre les fanatiques. Les milliers de chômeurs, d’affamés et de désespérés qui deviennent des rebelles, des convoyeurs de drogue et nouvelles recrues du djihadisme sont eux aussi nos enfants. Pendant combien de temps les dominants vont-ils continuer à ouvrir des fronts et des plaies en jurant, la main sur le cœur, par la démocratie, les droits de l’homme, la responsabilité de protéger les civils et de défendre les femmes contre les violences ? La guerre est une violence extrême contre ces femmes. Mettons un terme à la militarisation du Mali en engageant la bataille des idées pour des alternatives aux fondamentalismes religieux, économique et politique."
La rédactrice en chef d'un jour Aminata Traoré

vendredi 1 mars 2013

N° 13 COUPURES



Sous ce titre de « Coupures », je veux simplement rassembler quatre réalités bien différentes :
1-      LE CAREME : une certaine « coupure » dans une vie ordinaire. Ici, comme dans tous les pays d’Afrique, le carême remplit l’actualité de chacun-e. La plus grande manifestation, c’est le « chemin de croix » organisé dans toutes les communautés… et chaque groupe anime à tour de rôle…et en rajoute ! Ca dure une heure ou plus ! et les gens viennent en foule ! Finalement, c’est une forme de catéchèse ! L’importance donnée au carême s’explique aussi par le contexte Musulman dans lequel nous sommes, et pour qui le carême (Ramadan) rythme toute la vie sociale, économique…. A tel point que certains chrétiens sont tentés de « faire comme leurs amis musulmans » » et de jeuner du matin au soir, alors que l’Eglise ne le demande jamais !
2-      LE PAPE : A ce jour (1° mars), il n’y en n’a plus ! Coupure dans la vie ordinaire du Vatican ! Le pape parti (pour la joie de certains, pour la tristesse de la grande majorité des chrétiens Maliens !), l’Eglise continue !!!   l’Eglise « retient  son souffle ! » Qui va arriver ? Pourtant c’est bien le moment où l’Eglise a besoin du Souffle de l’Esprit… pour oser prendre le large, encore un peu plus loin ! Ici, ce passage de l’Eglise est porté fortement par les Chrétiens.
3-      LA GUERRE : Elle est toujours là, et on s’est installée dedans. Alors il y a « coupure dans l’information », surtout en Europe. D’autres infos (viande de cheval, la neige, etc…) occupent la une de vos journaux ! Pour nous ici, la guerre est toujours d’actualité, même si elle est là-bas au nord, faisant de plus de victimes d’un côté comme de l’autre. Le Tchad a payé un lourd tribut cette semaine avec 25 morts, alors qu’il ne fait pas partie de cette Afrique de l’Ouest, « censée venir au secours du Mali » (et qui est toujours en réunions d’état-major et en demande supplémentaire de financement….) Tout en commençant à atterrir à Bamako, ces forces Ouest-Africaines  ne se précipitent sur le front, où forces Françaises, Tchadiennes et Maliennes  « tirent dans le même sens » !. Ici à Bamako, la vie suit son cours... ordinaire !

VOICI LE PAGNE QUI VIENT DE SORTIR POUR LA JOURNEE DU 8 MARS
4-      LE COURANT ELECTRIQUE : c’est là que le mot « coupure » est sûrement le plus réel ! La saison chaude est à peine commencée, les climatiseurs (gros gourmands en électricité) ne sont pas tous en route, les barrages (fournisseurs de cette même électricité) ne sont pas encore à sec… et voilà pourtant de nombreuses coupures d’électricité. Tous les jours , il y en a dans l’un ou plusieurs quartiers de la capitale ! On apprend à vivre avec la torche à portée de main, car quand ça coupe, il n’y a pas de lampe de secours pour s’y retrouver, on est dans le noir complet ! Ca fait marcher aussi le commerce des bougies !