jeudi 30 janvier 2014

N° 24 NOUVELLE ANNEE : NOUVEL ESPOIR !



Vue du port de Mopti. La mission catholique est en haut de la photo et à gauche !

c'était le jour du 1° janvier: REPOS !
Toujours le 1° janvier: un petit tour en moto (avec Luc, responsable JOC)....

et traversée du fleuve

débarquement de la moto, pour passer la journée chez Luc et sa famille


N° 24                                                                                              30  Janvier  2014
-          Bonjour à chacune et chacun 

QUELQUES NOUVELLES BREVES :
En espérant que vous avez bien commencé cette nouvelle année 2014 ! Moi je vais bien, la vie continue calmement…. Et mon agenda se remplit avec les nombreuses équipes JOC (jeunes travailleurs), CEC (élèves et étudiants) et MMTC (adultes) qui sont nées depuis trois mois. Il y a urgence à former les accompagnateurs trouvés facilement…. Mais qui ont besoin d’être formés à l’accompagnament, et à la démarche de l’action catholique. Ils sont 13 laïcs, 4 religieuses et 1 prêtre dans ce cas-là. C’est plein d’espérance…. Mais qu’il faut nourrir ! Dans cette perspective, j’ai organisé une
Première rencontre  des accompagnateurs JOC et CEC : Nous étions 18 présents. Il n’en manquait que deux (empêchés) : signe que la responsabilité est prise au sérieux.
le groupe des accompagnateurs JOC et CEC

Auparavant, le passage à la nouvelle année a été le moment où j’ai accueilli, un premier ami-touriste, (Ivan NICOLAS, venant de Belgique) heureux de retrouver le Mali (on s’est rencontré à Bamako en 1994 !), et surtout heureux de venir découvrir Mopti et le pays Dogon qu’il n’avait jamais vu.
Culture des oignons dans les cailloux (spécialité du pays dogon)


Yvan, sur une terrasse, au réveil devant la fameuse falaise de Bandiagara

 Ce fut l’occasion pour moi, de faire un peu de randonnée dans la Falaise de Bandiagara, et surtout de rencontrer de nouveaux amis, engagés dans des associations et projets divers. (cf photos)

interview d'Emile, responsable de a communauté de Iréli
en haut des falaises, et vue sur la plaine !
Dimanche 19 Janvier : journée mondiale du migrant et du réfugié en Eglise.Pour la première fois dans l’histoire de l’Eglise du Mali, nous marquons cette journée à Sévaré, en demandant à un migrant Guinéen de nous donner son témoignage, et surtout en mettant officiellement en place une «équipe pastorale des migrants » sur la paroisse, et qui s’est déjà mise au travail (cf photo)
avec l'équipe paroissiale de la Pastorale des migrants

21 et 22 Janvier : je participe à une rencontre initiée dans le cadre d’un partenariat entre l’UNICEF et la conférence épiscopale du Mali. Une partie des échanges portait sur la scolarisation des jeunes filles. Cela m’a permis d’entendre des réalités étonnantes :
-          Dans une école technique où se retrouvent 480 jeunes filles (le plus souvent mineures), au moins 40 (presque 1 sur 10) sont enceintes et accouchent en cours d’année.
-          Certains sont jeunes , après avoir passé le DEF (équivalent BEPC) sont arrivés en terminale et ont obtenu le bac (trois ans plus tard) , en n’ayant eu que l’équivalent de 3 mois d’école, dans chacune des 3 années !.... ce qui explique la baisse de niveau d’enseignement !
  Pour remédier à tout cela, la tâche est immense ! mais on peut espérer !
vendeuse de balais !

QUELQUES ARTICLES DE JOURNAUX  (pour mieux comprendre l’actualité Malienne):
Les autorités algériennes ont réuni, le jeudi 16 janvier 2014, plusieurs groupes armés du nord du Mali, pour essayer de faire avancer le dialogue. Mais Alger n'a pas réussi à mettre tout le monde d'accord. Certains groupes dénoncent le manque de représentativité des délégations qui avaient fait le déplacement. Et le Mouvement national de libération de l'Azawad, le MNLA, a carrément refusé de participer aux débats.
Ce n'est pas à Alger que les négociations maliennes vont pouvoir être relancées. Jeudi, le casting préparé par Alger n'était pas du goût de tous : les Algériens avaient invité entre autres des personnalités arabes, basées à Bamako. Parmi elles, le nouveau député de Bourem, Ould Matali, présenté par nombre de ses frères arabes comme un des parrains du Mujao. Une présence que n'ont pas appréciée les instances du Mouvement arabe de l'Azawad (MAA) ni même le MNLA qui a ni plus ni moins claqué la porte de cette rencontre informelle d'Alger.
Le MNLA est pourtant le premier, depuis des semaines, à souhaiter une reprise des négociations avec Bamako. Il n'est pas le seul : officiellement, tout le monde s'émeut que ce soit la Minusma, la France, la Cédéao. Ils rappellent à l'unisson la nécessité de réactiver l'engagement de l'accord de Ouagadougou signé par Bamako et par les groupes armés, en juin dernier
Dans les faits, rien ne bouge et Bamako ne semble pas du tout pressé de relancer un processus, rejeté par une large majorité de son opinion publique. La partie malienne assure qu'elle ne discutera désormais qu'avec des groupes désarmés. La médiation lui répond que le désarmement est justement l'enjeu de ces négociations. Un jeu de dupe, très dangereux, qui pourrait faire les affaires de tous les extrémistes.
■ L'ONU s'inquiète du manque d'avancées politique
Le Conseil de sécurité de l’ONU constate l’absence de progrès au Mali. Sur le plan politique, les négociations sont au point mort et sur le plan militaire, la Minusma se déploie trop lentement, malgré l’arrivée du premier contingent chinois à Gao. 
Ces 245 soldats chinois sont une addition bienvenue à la force de l’ONU au Mali, car la Minusma est encore loin du compte. Sur les 11 200 casques bleus autorisés par le Conseil de sécurité, seule la moitié est effectivement sur place. Le déploiement des casques bleus accuse de sérieux retards. La Chine, le Salvador, les Pays-Bas ont promis des troupes, suffisamment, dit l’ONU, pour couvrir 90% des besoins, mais les délais s’allongent. Conséquence : les troupes françaises devront sans doute se retirer plus lentement que prévu.
La situation n’est guère plus réjouissante sur le plan politique. Le Conseil de sécurité ne peut que constater l’absence de progrès dans les négociations entre Bamako et les Touaregs du Nord. Les diplomates onusiens pointent les réticences de Bamako à engager le dialogue. Le représentant de l’ONU, Bert Koenders, parle d’un manque de confiance et de la nécessité pour chacun de prendre des mesures de bonne volonté.
Avec notre correspondant à New York, Karim Lebhour                       Source: RFI
les Mages, avec des chapeaux aux couleurs du Mali !

UN ARTICLE sur « le Baptême Dogon » par un séminariste pour son mémoire :

Baptême Dogon : Le baptême par le vieux de la grande famille
 Tout commence par l’accueil. Le vieux de la Grande famille au nom de tous les ancêtres et tous ses frères, souhaite la bienvenue aux parents du nouveau né. Après le souhait de bienvenue, il dialogue avec les parents sous forme de question. Il peut  demander certaines choses comme :
Êtes-vous venue dans initiative des Ancêtres ou c’est la pression de la Grande famille? Êtes-vous prêts à vivre les exigences que cette Grande famille nous demande de vivre ? Êtes-vous conscients des normes que la Société nous demande ? Transmettez-vous à l’enfant les règles de nos Ancêtres, surtout Lεwε Séru[1], ancêtre par excellence ? Implorez-vous sa bonté sur l’enfant pendant vos moments difficiles et de joie?
Après qu’ils eurent répondu favorablement à toutes ces questions posées par le vieux ; ils passent au rite proprement dit du baptême. On donne un coup de fusil et commence la procession d’entrée vers le Daru ou Djenhi[2].
Aussitôt la procession commence vers Daru ou Djenhi par le vieux de la famille; ensuite les parents du nouveau né. Deux ou trois femmes peuvent suivre avec les foulards en mains pour aérer les élus du jour et faire le Youyou[3]. Ce cri est un signe d’encouragement et d’accompagnement et donc cela incite les parents du nouveau né l’attachement à la Grande famille et à la société.
Arrivé devant Daru les parents du nouveau né se mettent à genou, au tant que le vieux pour saluer Daru. Après cela ils se relèvent et reçoivent la bénédiction émanant du vieux en ces termes : « Tire anranw bee boi le jamu denhi e weinhi ginu Ama jamu le wo pilemoun. Be puu saa lee Ama ko yö gennu »[4]. Nous avons voulu insérer les ancêtres car le Dogon est beaucoup attaché aux ancêtres. Sa vie sans les ancêtres n’est pas totalement équilibrée. C’est pourquoi il leur présente chaque fois de sacrifices.  Pour lui tout se règle par eux. Ils méritent une attention particulière. Il reste toujours marqué par la présence invisible des ancêtres. Bien qu’il ne le voit pas, il croit à la présence réelle. Mais cette insertion ne doit pas changer le contenu de la foi Trinitaire. Ainsi le vieux procède à la donation du nom à l’enfant. En disant en ces termes que :
 Le  nom est en fait un élément de culture  pour nommer des choses, des corps, des personnes en vue de faciliter la communication au sein d’une famille ou de la société. En cela, le nom est plus un élément de culture que de nature. Tout peut avoir un nom pour des besoins de discours sur l’objet retenu. Un nom donné qui rend bien compte de la réalité nommée serait un nom très significatif[5].
Le vieux prend l’enfant et pose sur ses jambes et lui donne un Nom…en imposant sa main sur l’enfant. Ainsi, « dès la naissance, l’enfant reçoit trois noms, boy toy : vrai nom, boy na : nom donne par la famille de la mère, boy dâwan » [6] : nom secret.
Le boy toy  est donné à l’enfant par le Ginna bahân  du groupe paternel. Après la retraite qui suit l’accouchement, la mère, revêtue d’un pagne blanc indiquant sa condition, présente l’enfant au doyen du Ginna  signifie la grande famille ; celui-ci devant l’autel des ancêtres et toute la famille réunie prononce la formule rituelle : que Dieu t’apporte la richesse, que Dieu te prenne sous sa garde.
Le boy na est donné quelques jours plus tard à l’enfant par le ginna bahân signifie le doyen de la Grande famille de la mère, au cours d’une cérémonie semblable.
Le boy dâwan est donné par le prêtre totémique du groupe paternel. Le cérémonial est encore semblable. Ce nom reste secret, et seul le prêtre qui l’a imposé a le droit de s’en servir qui l’a imposé. Les noms dogons ont toujours un sens. Le baptême dogon dès la naissance est un signe d’accueil et d’insertion dans la famille. D’où, le baptême dogon est acte communautaire et non personnel. C’est pour dire que l’éducation de l’enfant n’est pas réservée aux parents seulement mais aussi la société à sa part de responsabilité dans l’éducation de l’enfant dans tous les domaines.
N.B : Dans le cas du baptême de l’enfant mort né on amènera le vêtement au vieux dans lequel l’enfant est né. Il pose le vêtement sur ses jambes et tend ses mains  la dessus : c’est l’imposition de nom[7]
Même si les chrétiens ne sont que 2% de la population, la nature se charge de montrer la Chrétienté!


Le baptême Dogon: le nom comme un programme de vie
Lors d’une célébration liturgique du Baptême, nous pourrons intégrer nos noms traditionnels. Ainsi, pour la célébration inculturelle du Baptême, nous pourrons prendre nos noms traditionnels qui nous parlent de plus. La christianisation des noms Dogon sera une vraie inculturation de la liturgie du baptême. Car nous savons que le nom traditionnel revêt une certaine importance. Il est un programme de vie. Chez les Dogon, le nom est toujours chargé de sens. Cela indique la circonstance dans laquelle l’enfant est né. Par exemple : Amagana[8]Amaoati[9] Amajere[10] c’est des noms Dogon qu’on peut inculturer. Ce nom revête une importance capitale dans la mesure où il oriente la vie de celui qui le porte.
L’enfant doit vivre conformément au nom reçu pendant le baptême. Tout ce qu’il doit faire sera en fonction de ce nom. Car, c’est un nom chargé de mission. C’est tout un programme de vie qu’il révèle. Le nom d’initiation est message pour le porteur lui-même. On peut donc inculturer tous les noms traditionnels qui ne sont pas contraire à la foi chrétienne.



[1] Lεwε Séru est le témoin de Lεwε. Lεwε est l'un des quatre Nômmô qui fut mort et réssuscité pour purifier la terre souillée par le renard.
[2] A.Tembely, Antropologue Africain, Bandiagara le 02 Janvier 2014.
[3] Youyou veut dire cri en français.
[4] Tireanranw be boi le jamu denhi e weinhi ginu Ama jamu e wo pilemoun. Be puu saa lee Ama ko yö gennu: Au nom de vos ancêtres, vous avez quitté chez vous et vous venus chez vous soyez les bienvenue. Que le Dieu qu’il vous amené qu’il vous retourne en paix. Tous répondent amen.
[5]Cf.F.Amadji, Le Christ révélé au sein des cultures et traditions africaines, éditions de l’école de spirituelles d’Afrique, Bénin 2007, 37.
[6] Cf. P. M. Montserrat, les Dogon, Boulevard, Paris 1957, 40.
[7] Pio Peme Douyon, Traducteur de Bible en dialecte Törö sö, Barapiéli le 10 Septembre 2013.
[8] Amagana signifie Dieu merci.
[9] Amaoati signifie Dieudonné
[10] Amajere signifie Bienvenu




15 marmites sur la tête, et les pieds dans l'eau ! Qui fait mieux ?