vue depuis la mission catholique: le fleuve Bani qui se jette dans le Niger |
le fleuve est poissonneux |
LES NOUVELLES :
1- Bien arrivé au Mali, sans encombre.
Le voyage s’est fait sans histoire même si j’ai dû attendre près de 10 h dans
l’aéroport de Casablanca. C’est l’inconvénient des voyages moins chers !
2- En passant à Bamako, j’ai pu
assister à la messe de clôture (3h durant !) du chapitre des religieuses (Filles
du Cœur Immaculé de Marie), la seule congrégation née au Mali. Une nouvelle
équipe, un « nouvel état-major », comme a dit l’évêque a été
désigné : 5 religieuses jeunes (toutes entre 40 et 50 ans). La supérieure
générale s’appelle Esther THERA, originaire du pays Bobo : une première dans l’histoire de cette
congrégation qui compte une centaine de religieuses.
3- Dernière semaine d’Août, le Mali
s’inquiète avant l’ouverture des négociations avec les groupes rebelles du
Nord, Le Président de la république (Musulman, dans un pays laïc) invite tous
ses concitoyens à unir leurs prières pour la paix. Le vendredi 29, il va en
délégation à la grande mosquée, et le dimanche 31 août, il se déplace avec 5 de
ses ministres (tous musulmans) pour la grand’messe à la cathédrale.
4- Je suis arrivé à Mopti le lundi 1
septembre : Rien de bien changé ! Les amis, heureux de m’accueillir,
en disant « bonne arrivée ! Comment vont les amis là-bas en
France ? Comment va la famille ? ». Je n’ai pas fait route tout
seul, je suis venu avec Judith et sa petite fille Angéline, et aussi la nièce
Félicité, étudiante en vacances et qui voulait visiter le Mopti et le pays
Dogon, et aussi se rentre utile. Du coup, j’ai eu l’idée de commencer
l’alphabétisation avec les trois employés qui sont à la mission :
Brouhaima (le cuisinier), Emma (la femme de ménage) et Awa (l’aide-ménagère des
religieuses). Quelle joie de les voir commencer ensemble cette aventure !
la joie de commencer l'alphabétisation |
5- Une nouveauté dans les nominations.
Henri (le prêtre avec qui je vivais) va partir et est nommé dans la ville toute
proche de Sévaré. De même, François, le séminariste-stagiaire a fini son temps
ici. Et vont venir vivre dans la
maison : Sylvain SOMBORO qui termine ses trois années en Vendée, et un
certain David TOGO, grand séminariste (pour un an) que je ne connais pas.
6- 5 septembre, à 11 h, coup de
téléphone de l’évêque qui m’invite à l’accompagner pour accueillir le ministre
du culte. En effet ce dernier est de passage à Mopti et souhaite saluer les
responsables religieux des différentes confessions. Notre délégation (Chrétiens
catholiques) se fait remarquer en étant la seule à être composée d’hommes et de
femmes, de Noirs et de Blancs !
l'eau commence à rentrer dans les rizières |
7- Ci-dessous, un article de presse
pour tenter de vous aider dans la compréhension de la situation au Mali !
Bonne lecture. Et à plus, pour vos nouvelles par mail.
ARTICLE DE PRESSE
Longtemps hésitant, le président
IBK s’est définitivement résolu à négocier avec les groupes armés depuis la
cinglante défaite infligée aux troupes maliennes, le 21 mai 2014 à Kidal. Les
négociations, qui ont débuté il y a quelques semaines, se poursuivront en
septembre 2014 sous l’égide de l’inévitable voisin algérien qui, déjà, fut le parrain
des précédents accords de Tamanrasset en 1991 et d’Alger en 2006.
Le Mali se plie aux quatre
volontés de l’Algérie
Malgré l’échec des accords
antérieurs, l’Algérie parvient, encore cette année, à imposer sa médiation dans
la crise malienne, éclipsant, au passage, les tentatives du rival marocain de
s’immiscer dans le dossier. Si l’Algérie pèse d’un si grand poids dans
l’affaire, c’est pour de nombreuses raisons.
D’abord, elle partage plusieurs
centaines de kilomètres de frontières avec le Mali; ensuite, elle entretient
des liens divers avec les jihadistes maliens, notamment avec Iyad Ag Ghali, le
leader d’Ançar Dine. Enfin et surtout, l’Algérie est la première puissance
militaire du Maghreb: sans son soutien, la France n’aurait jamais pu libérer le
nord malien en 2013 ni ne pourrait, aujourd’hui, continuer à contrôler ce vaste
territoire qui, bien vite, deviendrait un foyer d’attentats.
Par conséquent, les Français, avant
de s’engager militairement au Mali, se sont vus obligés (nous l’évoquions dans nos
précédentes livraisons) de passer avec l’Algérie un pacte permettant à ce pays
de continuer à déverser dans le nord malien, notamment à Kidal et environs, les
activités de ses propres groupes terroristes, dont la trisqtement célèbre AQMI.
Une manière, pour l’Algérie, de faire régner la paix à l’intérieur de ses
frontières après une décennie de lutte sanglante contre les jihadistes.
Alors opposant, donc dans le camp
de la facilité, IBK s’est, en 2006, bruyamment élevé contre l’accord d’Alger,
le jugeant attentoire à la souveraineté nationale.
Devenu chef de l’Etat, il se rend à
l’évidence : l’Algérie est incontournable. IBK vient d’ailleurs d’adresser au
président Abdelaziz Bouteflika une lettre fort édifiante sur la soumission du
Mali aux quatre volontés algériennes. Dans ce courrier daté du 20 juin 2014,
IBK salue l’« attitude pétrie d’amitié, de fraternité et de solidarité » de
l’Algérie; mieux, le président malien adresse ses « vifs remerciements » à
Bouteflika pour « la précieuse contribution qui a permis d’engager les
mouvements armés dans la dynamique de la paix et de la négociation avec le
gouvernement du Mali ». Tout en transmettant à Bouteflika la feuille de route
élaborée par le Mali dans le cadre des négociations, IBK lui demande,
tenez-vous bien !, de l’« enrichir » en lieu et place du Mali: « Je vous serai
reconnaissant de le faire enrichir par l’expertise de vos techniciens et de le
soumettre à l’examen des groupes armés et des représentants du gouvernement
qui, en la circonstance, seront réunis par les soins de la partie algérienne à
Alger à la date de votre convenance ».
En clair, le courrier montre que le
Mali accepte, à l’avance, ce qu’aura décidé la toute-puissante Algérie ! Ce
douloureux constat donne, bien entendu, raison à Tiéblé Dramé, leader du
PARENA, qui, il y a quelques jours, affirmait dans la presse que le Mali avait
« abandonné sa souveraineté à l’Algérie ».
Les groupes armés en
position de force
Les groupes armés du nord n’ont
accepté que du bout des lèvres le cessez-le-feu après leur victoire militaire à
Kidal. Il a fallu que la France et l’ONU déploient des trésors de diplomatie
pour convaincre le HCUA, le MNLA et le MAA de surseoir à l’usage des armes et
de rentrer le processus de dialogue politique prôné par la communauté
internationale. IBK lui-même avait craint le pire au point de renouer avec
l’ennemi intime mauritanien.
Alors que sous la Transition, le
Mali avait refusé le déploiement, au nord, de soldats mauritaniens sous la
bannière de la MINUSMA, IBK s’est hâté de dépêcher le chef de l’Etat
mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, à Kidal pour arracher un cessez-le-feu
aux groupes armés.
Certes, les groupes armés ont mis
l’arme au pied; mais ils n’en ont pas moins gardé de précieux atouts de
négociation.
Partant du principe que Kidal, leur
fief, ne saurait prospérer sans débouché sur le fleuve Niger, ils ont poussé
leur occupation militaire jusqu’à Faffa, ville riveraine du fleuve située
dans la région de Gao. Les abords d’Ansongo, région de Gao, sont infestés de
combattants rebelles qui font déjà la loi à Ménaka, à Aguelhok et à Tessalit.
Du point de vue politique, les
groupes armés négocient également en position de force en faisant valoir que
c’est le Mali qui a déclenché les hostilités le 21 mai 2014.
Enfin, ils ont des alliés puissants
comme la France, l’ONU, la Suisse, la Belgique et le Qatar qui leur offrent des
subsides et ont, avant même les combats du 21 mai 2014, empêché Kidal de
retourner dans le giron malien, toutes choses qui violent la résolution 2100 du
Conseil de Sécurité des Nations Unies.
Parallèlement, le gouvernement
malien, drogué à l’aide internationale, est fragilisé par la suspension des
financements du FMI, de la Banque Mondiale et de l’Union Européenne : en
l’absence d’accord global avec les rebelles, le pays devra longtemps faire son
deuil de l’argent frais en provenance de ces bailleurs de fonds.
C’est en considération de ces
paramètres qu’IBK a fait savoir au médiateur algérien qu’il était prêt à signer
tout accord qui préserverait l’intégrité du territoire national et la laïcité
de l’Etat.
Pour bien marquer sa disponibilité au dialogue, il a fait libérer au pas de course tous les rebelles – séparatistes oujihadistes - qui croupissaient entre les mains de la justice malienne. Il est vraiment loin, le temps où IBK martelait qu’il ne permettrait à aucun rebelle de « négocier d’égal à égal » avec lui, ni encore moins, de le« trimbaler »...
Pour bien marquer sa disponibilité au dialogue, il a fait libérer au pas de course tous les rebelles – séparatistes oujihadistes - qui croupissaient entre les mains de la justice malienne. Il est vraiment loin, le temps où IBK martelait qu’il ne permettrait à aucun rebelle de « négocier d’égal à égal » avec lui, ni encore moins, de le« trimbaler »...
Les doléances des
groupes armés
Encouragés par les atouts qu’ils
détiennent, les rebelles viennent de peaufiner leurs doléances qu’ils
remettront, à très bref délai, au médiateur
algérien.
Ils demandent trois choses:
- l’intégration de 3.000 combattants dans l’armée malienne;
- l’octroi du grade de général à 100 de leurs officiers;
- l’institution d’un statut particulier pour l’ensemble des trois régions du nord (Kidal, Gao et Tombouctou).
- l’intégration de 3.000 combattants dans l’armée malienne;
- l’octroi du grade de général à 100 de leurs officiers;
- l’institution d’un statut particulier pour l’ensemble des trois régions du nord (Kidal, Gao et Tombouctou).
Fait remarquable, il appartiendra
aux rebelles, et non au gouvernement malien, de proposer les noms de ceux qui
doivent intégrer l’armée ou bénéficier du grade de général.
Ce sera donc là l’occasion
d’envoyer dans l’armée tout ce que le nord compte de bergers et de chômeurs
touaregs ou arabes. Autre exigence rebelle: l’armada des intégrés restera dans
le nord; de surcroît, tout corps d’armée typiquement malien qui sera positionné
au nord sera commandé par un Touareg ou un Arabe.
Quant au statut particulier des
régions du nord, ils comptent l’exploiter de manière à séduire la population
locale dans l’optique d’un futur référendum d’autodétermination qu’ils pourraient
réclamer dans cinq ans.
Ils en auront peut-être les moyens
car ils exigent aussi l’affectation aux régions du nord de 60% des ressources
minières qui y seront découvertes.
Tiékorobani
Source: Procès Verbal - le 19 août 2014
le centre artisanal (tout neuf) entre Mopti et Sévaré, inauguré la semaine passée |
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