vendredi 9 novembre 2012

N° 4 : INSTALLATION A BAMAKO

Bonjour à chacune et chacun!
Tout d'abord, en complément des récentes pages du blog, vous pouvez aller voir sur le site suivant :

http://www.eglisemali.org/index.php/95-actualites/actualites-mopti/202-les-evenements-recents-du-diocese-de-mopti.html


LES NOUVELLES ?


-          Lundi  29 : Visite chez l’archevêque Mgr Jean ZERBO : il est décidé que je m’installe provisoirement à la Cathédrale. Avec Timothée, le curé, on voit comment je peux donner un coup de main, en célébrant le dimanche dans une des 10 communautés qui forme la « paroisse de la cathédrale ». Je découvre de nouvelles églises, agrandies et déjà trop petites, et des communautés jeunes et dynamiques.

Ce même jour, je découvre ce que sera peut-être mon « garage attitré » : un immense terrain vague, à côté d’un échangeur routier. Un garage à ciel ouvert, sans électricité, sans pont élévateur et tous les outils modernes que l’on peut connaitre en Europe… Là, stationnent une cinquantaine de véhicules (dans des états indescriptibles) autour desquels s’agitent pas moins d’une vingtaine d’ouvriers et d’apprentis, sous l’œil avisé de Sory, le patron.
ma voiture en réparation
abri de fortune permettant de se mettre a l'ombre et... d'attendre
 Tout le monde travaille sous le soleil, sans protection. On me donne un siège à l’ombre, sous un abri de fortune, pour que je patiente ! Je passe mon temps à préparer mon homélie de la Toussaint, en jetant un coup d’œil pour voir l’avancée des travaux (changement de suspension avant). C’est un travail en plusieurs étapes : 1) on démonte. 2) on envoie quelqu’un en ville–avec la pièce démontée- pour acheter la même, en neuf ou occasion (comme on veut !) 3) le commissionnaire revient avec les pièces et le prix demandé ! 4) commence alors le marchandage, si on trouve que le prix est exagéré… et là, ça peut durer « un certain temps » ! 5) quand on s’est mis d’accord, on remonte la mécanique !
la cour intérieure de la cathédrale
-          Mardi 30 : Installation dans un bureau à la cathédrale. C’est un lieu stratégique pour des rencontres, car beaucoup d’agents pastoraux y passent, venant de tout Bamako, de tout le diocèse, ou de tout le pays. C’est là aussi que se trouvent le siège national de la JOC et du MMTC (Mouvement Malien des Travailleurs Croyants).  
- Mercredi  31 octobre : visite du centre de Jikoroni, tenu par la JOC Locale. Joie de voir que l’opération d’alphabétisation - lancée dans les années 1980 au Badialan (autre quartier de Bamako), et que nous avions délocalisée en 1991 à Jikoroni-  continue toujours. J’y ai trouvé Cyrille KONE (jeune de 25 ans) qui porte le projet avec ses copains jocistes. Chaque soir, (de 18h30 à 21h), ils rassemblent pas moins de 130 à 140 jeunes et moins jeunes, pour des cours qui vont de la 1ére (équivalent du C.P. en France) à la 9ème (équivalent de la 3ème), dans  des salles polyvalentes, vaguement équipées pour la classe (trois d’entre elles se passent dehors, faute de locaux !). J’ai, à nouveau, été admiratif de voir sur les mêmes bancs, côte à côte, des enfants de 10 ans et des adultes de 30 ou 40 ans, tous assoiffés d’apprendre, après une dure journée de travail, dans le secteur informel  (pour la plupart). Chaque élève paye 1000 cfa (1,50 euro) par mois  (de la 1ère à la 6ème) et 2500 cfa (3,80 euros) de la 7ème à la 9ème. Et chaque « professeur » (jociste bénévole) reçoit une « récompense » de 6000 cfa (un peu plus de 9 euros) par mois, en sachant qu’il y consacre 2h 30 (sans compter la préparation) par soir et 5 soirs par semaine !!! Cette action d’alphabétisation,  « avec les moyens du bord », et dans l’esprit d’une action militante (« j’ai eu la chance d’aller à l’école, je peux apprendre à lire, écrire et compter à ceux qui n‘ont pas été scolarisés »), est typique de l’action de la JOC au Mali. Elle mérite d’être reconnue, et d’être encouragée, d’autant plus qu’elle ne demande pas de grands moyens financiers, et qu’elle s’autofinance presque à 100% ! La JOC nous redit là, que le développement ce n’est pas d’abord une affaire de gros sous, mais une affaire de volonté et d’action militante. Ce qui est formidable c’est de voir des jeunes, jamais scolarisés, et qui arrivent à réussir, grâce à ces cours du soir, à l’examen du DEF (en fin de 9éme), l’équivalent du BEPC en fin de 3ème (en France). Ce qui est formidable encore c’est de voir que parmi les 130-140 élèves, il y en a environ 40 qui ont été accueillis même s’ils ne pouvaient pas payer la cotisation mensuelle. Bel acte de solidarité !
trois classes côte à côte et séparées par des nattes, et "à la belle étoile"
Visite de toutes les classes avec Cyrille KONE le responsable JOC
-         
-          Pour vous aider à faire des comparaisons de prix et de niveau de vie, voici quelques chiffres :
o   Le smic est en fait officiellement (renseignement pris) à 28 500 cfa (= 43,50 euros). Certains reçoivent plus, c’est vrai ! Mais beaucoup n’ont même pas ce smic. Et surtout la plupart, aujourd’hui, sont embauchés (dans le privé, comme dans le public) sans avoir d’accord sur le salaire ! (« On verra en fonction des résultats ! »)
o   Et le prix du kg de riz qui était à 250 cfa le kg (en 2009) est maintenant à 350 cfa ; et le gasoil qui était à 350 cfa (en 2009) est aujourd’hui à 645 cfa (= presque 1 euro le litre !). C’est pour dire que la vie reste chère, par rapport aux salaires qui n’ont pas augmenté depuis bien longtemps.
o   Malgré cela, les gens donnent et se donnent, en particulier quand il y a des fêtes religieuses, comme dernièrement la Tabasky (pour les Musulmans), ou le pèlerinage à Kita (17-18 novembre prochains) pour les chrétiens.  Pour participer à ce dernier, il est demandé à chacun 17 500 cfa (plus de la moitié du smic !). Pour rester dans le domaine religieux : une intention de messe au Mali est associée à une offrande de 2000 cfa. En proportion, par rapport au smic, j’ai calculé que  les chrétiens de France devraient donner 73 euros par intention de messe…. pour « être au même niveau » que les Maliens !!! Simple réflexion !

-          Action « enfants de tous » : action initiée vers 1992 par le regretté Jean-Jacques COMBIER (décédé l’an passé en France) et son épouse Annick. C’est dans  ce projet pour les enfants (garçons et filles) de la rue, que travaillent ou ont travaillé bon nombre d’amis, parmi lesquels Judith, Arsène, Emmanuel… actuellement 27 salariés travaillent sur ce projet. Le lundi soir 5 novembre, grâce à l’aimable autorisation de Félix, le responsable du « « projet enfants de tous », j’ai pu me joindre à l’équipe d’animateurs pour une tournée de nuit, à la recherche d’enfants de la rue. Dans la voiture de service, (un vieux minibus brinquebalant)  avec le chauffeur et l’animateur, nous avons commencé notre tournée à 20 h 30 (en sachant qu’ici, il fait nuit à partir de 18h), et en parcourant les grands marchés, les gares routières, les lieux habituels où ils se retrouvent, nous avons rencontré des jeunes déjà connus par l'animateur mais aussi des nouveaux, dont cet enfant de 9 ans (environ), en haillons, arrivant de Côte d'Ivoire (dixit), et qui accepté de venir avec nous pour rejoindre le centre d'accueil et y passer la nuit en sécurité. Vraiment, c'est un travail formidable de "sauvetage d'enfants et de jeunes" qui est réalisé là!
Judith avec le bébé de Mélanie! Angéline veut aussi porter son bébé dans le dos
-           Dans ce projet travaille aussi, Delphine, qui a entendu parler de la JOC par Judith (ancienne responsable fédérale sur Bamako dans les années 90) et qui a déjà trouvé 6-7 copains-copines pour démarrer une nouvelle équipe JOC. Et le dimanche 4 novembre, à une réunion d’information sur la JOC, il y avait plus de 20 jeunes !!! Rendez-vous est pris le 25 novembre, pour une première réunion d’équipe avec les volontaires ! (affaire à suivre)
-          

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire