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LA NOUVEAUTE : le pèlerinage à Kita
L’Eglise du Mali est née officiellement un 20 novembre 1888 ! Et
depuis 42 ans, un pèlerinage national est organisé sur le lieu de la première
Mission Catholique, la ville de Kita, qi se trouve à 180 kms à l’ouest de
Bamako, dans la direction de Kayes. Là,
a été érigé un grand sanctuaire marial, au centre de la ville, et un lieu de
prière sur une colline (à 1 km de la ville) : ce qui permet une procession
aux flambeaux à la nuit tombée.
Les 17-18 novembre passés, je me suis donc joint aux 10 000
pèlerins (environ). Pour ma part j’y suis allé avec ma voiture. C’était
l’occasion de tester ses capacités, en « pleine charge »,
c'est-à-dire à 7 personnes, + les bagages (ça va de soi !!). La route est
toute neuve et en bon état ; cela permet à de plus en plus de Maliens d’y
aller par leurs propres moyens en 2 heures de temps, alors qu’en car, il faut
au moins 3 h et en train de 4 à 5 h !!! Tout cela à partir de
Bamako ; mais pour arriver à la capitale, certains (depuis le pays Dogon
par ex.) ont déjà mis plus d’une journée. Faire le pèlerinage, pour eux,
consiste en un voyage (qui n’est vraiment pas de tout repos) qui va durer entre
5 et 7 jours ! Voilà pour les
conditions matérielles et de transport !
Le pèlerinage, en tant que tel, est un grand moment annuel de la
communauté chrétienne. Il est préparé –de longue date- par un diocèse, à tour
de rôle. Le weekend est surtout rempli par des célébrations (de la Parole,
eucharistiques, mariale, pénitentielle) d’une procession aux flambeaux, et d’un
spectacle théâtral (de nuit), en lien avec le thème choisi : « en
Jésus, Fils de Marie, RETROUVE TA DIGNITE ! ». Le spectacle –qui mêle
sérieux et humour pendant presque 2 h- reprend l’actualité de la vie
quotidienne, et aussi la vie publique, politique et le contexte d’insécurité
que vivent beaucoup de Maliens. Il a été beaucoup question de la Paix, fruit de
la Justice, qu’il faut chercher, bâtir inlassablement ! Le dialogue (entre
générations, entre personnes différentes), et le refus de toute corruption sont
mis en honneur ! C’est un beau spectacle et un bon temps de formation
citoyenne et chrétienne. Le tout, accompagné par une chorale et des danseurs
qui ont répété des semaines entières ! Le dimanche, c’est surtout, une
messe, disons une « grand’messe », car elle dure de 8h 30 à 12h
30 : 4 heures de chants, de processions, de danses, d’homélie, et aussi de
discours officiels, car il y avait, en plus du Nonce Apostolique (basé à
Conakry), pas moins de 4 ministres, et 10 délégués de ministres (presque
tous des Musulmans)! C’est aussi vous dire aussi, la protection policière et
militaire qui nous entourait ! L’événement médiatique et politique de cet
événement, c’est la présence du ministre
des affaires religieuses et des cultes, Yacouba TRAORE,
le ministre des cultes au micro devant une assemblée de 10 000 chrétiens |
un tout nouveau
ministère, créé à l’instar de l’Algérie, et qui faisait redouter chez certains,
–ce n’est pas un secret, car cela a été écrit dans les journaux- une mise en
place d’un intégrisme musulman. C’est sûrement important et symbolique d’un tel
ministre prenne la parole à la fin de l’eucharistie, avant la bénédiction
finale de l’archevêque. Pour en savoir plus sur ce pèlerinage, n’hésitez pas à
aller sur le site de l’Eglise du Mali (C’est Timothée qui en a la
responsabilité) : www.eglisedumali.org
Ce que j’ai admiré, c’est aussi l’organisation matérielle de
l’événement : question sonorisation, sécurité, logistique, rien à
redire ! N’oublions pas qu’il a fallu faire cuire le riz et la viande,
dans des énormes marmites, et sur feu de bois, pour plus de 10 000 personnes, et pendant
deux jours! On n’a pas les mêmes moyens que lors d’un rassemblement national de
la JOC ( !) mais on mange aussi bien !
dans mon bureau à la cathédrale |
Sur la route, je me suis arrêté pour cueillir des tiges de mil, de
sorgho et de coton pour décorer mon bureau J’ai mis le coton sur la
Croix, car je pense –comme d’autres- que le Christ est aujourd’hui encore
crucifié à travers l’exploitation des paysans Maliens qui cultivent l’un des
cotons parmi les meilleurs du monde… qui cultivent « à main nues »,
et à qui on ne paye pas un prix respectueux de leur travail.
« Les prix du marché du coton sont fixé à Liverpool ou à Chicago.
L’échange des marchandises a toujours été le moyen de déposséder les pays du
sud, en mettant leurs gouvernants à contribution et en les sanctionnant quand
ils ne se pliaient pas à la loi du plus fort. Le cours qui était fixé à 3
dollars le kilo en 1980 a chuté à 0,35 dollar en octobre 2011, le cours le plus bas depuis
1972, en raison d’une forte production mondiale. Mais ces années-là, le coût de
production était de 48 à 53 cents par livre en Afrique, et de …. 73 cents eu
Amérique. Les USA n’arrivent à se maintenir sur le marché qu’en subventionnant
leurs 25 millions de producteurs ! Il a été calculé que cette subvention
représente 4,8 milliards de dollars, par an, soit trois fois le montant de
l’aide américaine à tout le continent
noir !!! Le coton n’a pas pour objectif de servir l’Afrique et les
Africains, mais d’approvisionner les filatures de métropoles du Nord !
Aujourd’hui, ne sachant plus où donner de la tête, les plus vulnérables des
paysans vendent leurs charrues et leurs maigres biens, pour que leurs enfants
partent en ville… y trouvent le chômage…et rêvent de partir en Europe !
Je persiste et je signe : il
n’y a pas plus voleur ni plus corrupteur que le marché dit « libre et concurrentiel » dont
les gagnants trichent, mentent et tuent
en toute impunité, mais à petit feu, à travers les politiques qu’ils
imposent »
(1)
Elle joue aussi dans le film
« Bamako », qui existe en DVD ! à voir et revoir ! Il est
en dépôt dans la « Malette-Mali » au secrétariat national de la JOC,
à Courbevoie.
(2) Voici aussi, ci-dessous, un autre (long) texte d'elle , à propos de ce qui se vit au Mali. Un beau texte de Militante paru sur lanouvelletribune.com en ce 22 novembre !
(2) Voici aussi, ci-dessous, un autre (long) texte d'elle , à propos de ce qui se vit au Mali. Un beau texte de Militante paru sur lanouvelletribune.com en ce 22 novembre !
"De la
situation dramatique du Mali, il ressort une réalité terrible qui se
vérifie dans d’autres pays en conflit : l’instrumentalisation des
violences faites aux femmes pour justifier l’ingérence et les guerres de
convoitise des richesses de leurs pays. Les femmes africaines doivent
le savoir et le faire savoir.
Autant
l’amputation du Mali des deux tiers de son territoire et l’imposition
de la charia aux populations des régions occupées sont humainement
inacceptables, autant l’instrumentalisation de cette situation, dont le
sort réservé aux femmes, est moralement indéfendable et politiquement
intolérable.
Nous
avons, de ce fait, nous femmes du Mali, un rôle historique à jouer, ici
et maintenant, dans la défense de nos droits humains contre trois
formes de fondamentalisme : le religieux à travers l’islam radical;
l’économique à travers le tout marché; le politique à travers la
démocratie formelle, corrompue et corruptrice.
Nous
invitons toutes celles et tous ceux qui, dans notre pays, en Afrique et
ailleurs, se sentent concernés par notre libération de ces
fondamentalismes à joindre leurs voix aux nôtres pour dire "Non" à la guerre par procuration qui se profile à l’horizon. Les arguments suivants justifient ce refus.
Le déni de démocratie
La
demande de déploiement de troupes africaines au nord du Mali, transmise
par la Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Union
Africaine (UA) aux Nations Unies, repose sur un diagnostic délibérément
biaisé et illégitime. Il n'est fondé sur aucune concertation nationale
digne de ce nom, ni au sommet, ni à la base. Ce diagnostic exclu par
ailleurs la lourde responsabilité morale et politique des nations,
celles qui ont violé la résolution 1973 du Conseil de Sécurité en
transformant la protection de la ville libyenne de Ben Ghazi en mandat
de renverser le régime de Mouammar Kadhafi et de le tuer. La coalition
des séparatistes du mouvement national de libération de l'Azawad (MLNA),
de Al Kaeda au Maghreb Islamique (AQMI) et de ses alliés qui a vaincu
une armée malienne démotivée et désorganisée doit également cette
victoire militaire aux arsenaux issus du conflit libyen.
Le
même Conseil de Sécurité va-t-il approuver, dans les jours à venir le
plan d’intervention militaire que les Chefs d’Etat africains ont
approuvé en prétendant corriger ainsi les conséquences d’une guerre
injuste par une guerre tout aussi injuste ?
Marginalisée
et humiliée dans la gestion de la crise "libyenne", l'Union Africaine
peut-elle, doit-elle se lancer dans cette aventure au Mali sans méditer
les enseignements de la chute du régime de Mouammar Kadhafi ?
Où
est la cohérence dans la conduite des affaires du continent par les
dirigeants africains, dont la plupart s’était opposé en vain à
l’intervention de l’OTAN en Libye, lorsqu'ils s’accordent sur la
nécessité d'un déploiement de forces militaires au Mali, aux
conséquences incalculables.
L’extrême vulnérabilité des femmes dans les zones en conflit
L'international Crisis Group prévient, à juste titre, que « Dans
le contexte actuel, une offensive de l’armée malienne appuyée par des
forces de la CEDAEO et/ou d’autres forces a toutes les chances de
provoquer davantage de victimes civiles au Nord, d’aggraver l’insécurité
et les conditions économiques et sociales dans l’ensemble du pays, de
radicaliser les communautés ethniques, de favoriser l’expression
violente de tous les groupes extrémistes et, enfin, d’entraîner
l’ensemble de la région dans un conflit multiforme sans ligne de front
dans le Sahara ». (« Le Mali : Éviter l’escalade » International Crisis Group - http://www.crisisgroup.org/fr- 18 juillet 2012).
Ces
conséquences revêtent une gravité particulière pour les femmes. Leur
vulnérabilité qui est sur toutes les lèvres, devrait être présente dans
tous les esprits lors des prises de décisions, et dissuasive quand la
guerre peut être évitée. Elle peut l'être. Elle doit l’être, au Mali.
Rappelons
que les cas de viols que nous déplorons dans les zones occupées du Nord
de notre pays risquent de se multiplier avec le déploiement de
plusieurs milliers de soldats. A ce risque, il faut ajouter celui d’une
prostitution plus ou moins déguisée qui se développe généralement dans
les zones de grande précarité et par conséquent les risques de
propagation du VIH/SIDA. Le plan d’intervention militaire sur lequel le
Conseil de Sécurité va se pencher prévoit-il des moyens de mettre
réellement les femmes et les fillettes du Mali à l’abri de ce type de
situation désastreuse ?
Rappelons
également que sur l'ensemble du territoire les sanctions économiques
imposées par la communauté internationale au peuple malien au nom du
retour à un ordre constitutionnel discrédité affectent considérablement
les groupes vulnérables. Les femmes du fait de la division sexuelle des
tâches sont confrontées au niveau domestique à l'énorme difficulté
d'approvisionnement des familles en eau, nourriture, énergie domestique,
médicaments. Cette lutte quotidienne et interminable pour la survie est
déjà en soi une guerre. Dans ces circonstances de précarité et de
vulnérabilité des populations, et des femmes en particulier, l'option
militaire en préparation est un remède qui à toutes les chances d'être
pire que le mal alors qu’une alternative pacifique, émanant de la
société malienne, civile, politique et militaire, sera constructive.
Des incohérences de la communauté internationale
Chacun
des puissants représentants de la « communauté internationale » ainsi
que la CEDEAO et l’Union Africaine ont prononcé des mots à propos de
nos maudits maux de femmes en situation de conflit.
A
tout seigneur tout honneur, le Président français, François Hollande,
qui joue le rôle de chef de file dans la défense de l’option militaire, a
souligné la souffrance des femmes « premières victimes des violences des guerres »
(Kinshasa - Quatorzième sommet de l’Organisation Internationale de la
Francophonie).
Et pourtant, il a déclaré le 26 septembre 2012, à New York,
lors de la réunion spéciale sur le Sahel, en marge de l'Assemblée
Générale des Nations Unies "Je sais qu'il peut y avoir une tentation
de mener des négociations. Négocier avec des groupes terroristes ? Il
ne peut en être question. Toute perte de temps, tout processus qui
s'éterniserait ne pourrait faire que le jeu des
terroristes".
"Il faut savoir terminer une guerre", semblent dire les Présidents américains et français. « La
guerre d’Afghanistan s’est prolongée au-delà de la mission initiale.
Elle attise la rébellion autant qu’elle permet de la combattre. Il est
temps de mettre fin en bon ordre à cette intervention et j’en prends ici
l’engagement. » déclara le candidat François Hollande, dans son discours d’investiture à l’élection présidentielle.
La
Secrétaire d’Etat américaine aux affaires étrangères, Hillary Clinton
dont l’escale du 29 octobre 2012, à Alger, avait en partie pour objet de
convaincre le Président Abdelaziz Bouteflika de rejoindre le camp de la
guerre, s'était adressée aux Chefs d’Etat africains réunis à
Addis-Abeba en ces termes : « En République Démocratique du Congo, la poursuite des actes de violences contre
les femmes et les filles et les activités des groupes armés dans la
région orientale du pays, sont pour nous une source constante de
préoccupation. L’Union Africaine et les Nations Unies ne doivent
épargner aucun effort en vue d’aider la RDC à réagir à ces crises
sécuritaires incessantes ».
L’initiative du secrétaire des Nations Unies, Ban Kid Moon, intitulée « Unis pour mettre fin à la violence contre les femmes »,
lancée le 25 janvier 2008, accorde une attention particulière aux
femmes de l’Afrique de l’Ouest. C'était avant les guerres en Côte
d'Ivoire et en Libye qui ont largement compromis la réalisation des
objectifs assignés à cette initiative. Nous comprenons sa réserve quant
au déploiement militaire et espérons qu'il ne soutiendra pas le plan
d'intervention des Chefs d'États de la CEDEAO. La guerre, rappelons-le,
est une violence extrême contre les populations civiles, dont les
femmes. Elle ne peut que nous éloigner des objectifs visés par cette
initiative.
Pourquoi
les puissants de ce monde qui se préoccupent tant du sort des femmes
africaines ne nous disent pas la vérité sur les enjeux miniers,
pétroliers et géostratégiques des guerres.
La présidente de la commission de l'UA, Nkosazana Dlamini-Zuma, pour sa part, souligne que "Il
est crucial que les femmes contribuent à, et s’impliquent activement
dans, la recherche d’une solution au conflit. Leurs voix doivent être
entendues dans les efforts visant à promouvoir et à consolider la
démocratie dans leur pays. A cette fin, vous pouvez, sans aucun doute,
compter sur le soutien de l`Union Africaine, ainsi que sur mon
engagement personnel. » (Réunion du groupe de soutien et de suivi de la situation au Mali - 19 novembre 2012)
La
nomination pour la première fois d'une femme à ce poste pourrait être
un facteur véritable d'émancipation politique pour les femmes et donc de
libération du Continent, si Nkosazana Dlamini-Zuma accepte d'élargir la
base du débat sur les femmes africaines en y intégrant les enjeux
globaux qui nous sont dissimulées.
Notre triste statut d’otages
Le
Mali est un pays à la fois agressé, humilié et pris en otage par des
acteurs politiques et institutionnels qui n'ont aucun compte à nous
rendre, à commencé par la CEDEAO. L'une des traductions de cette réalité
est l'énorme pression exercée sur ce qui reste de l'État malien. Le
Président par intérim, Dioncounda Traoré, est le premier des otages
maliens. S’il a cru devoir rappeler, le 19 octobre 2012, lors de la
réunion du groupe de soutien et de suivi de la situation de notre pays,
qu’il n’est pas un Président pris en otage, c’est précisément parce
qu’il l’est. Sinon il n’aurait pas répété à trois reprises, le 21
septembre 2012, la veille de l’anniversaire de l’indépendance de notre
pays qu’il a privilégie
le dialogue et la concertation, et demandé aux Nations Unies, trois
jours plus tard, une intervention militaire internationale immédiate. « J’ai
conscience d’être le président d’un pays en guerre mais le premier
choix est le dialogue et la négociation. Le deuxième choix est le
dialogue et la négociation et », insiste-t-il « le troisième choix demeure le dialogue et la négociation. Nous ferons la guerre si nous n’avons pas d’autre choix… », a-t-il déclaré dans son discours à la nation avant de changer d’avis.
Au-delà
du président intérimaire, nous sommes tous des otages prisonniers d'un
système économique et politique inégalitaire et injuste qui excelle dans
l'art de briser les résistances à coup de chantage au financement. La
suppression de l'aide extérieur se traduit cette année 2012 par un
manque à gagner de 429 Milliards de francs CFA. La quasi totalité des
investissements publics sont suspendus. La fermeture de nombreuses
entreprises a occasionnée licenciements et chômage technique pour des
dizaines de milliers de travailleurs alors que les prix des denrées
alimentaires continuent de flamber. Les pertes les plus importantes sont
enregistrées dans les secteurs du bâtiment et des travaux publics. Le
tourisme, l'artisanat, l'hôtellerie et la restauration, qui subissaient
depuis 2008 les conséquences de l'inscription du Mali sur la liste des
pays à risques, sont gravement affectés alors qu'ils constituaient des
sources de revenus substantiels pour les régions aujourd'hui occupées,
notamment celle de Tombouctou.
Référence
est faite au statut d'otage non point pour dédramatiser l'épreuve
insupportable des otages européens et de leurs familles mais pour
rappeler l’égale gravité de la situation de tous les êtres humains
piégés dans des systèmes dont ils ne sont pas personnellement
responsables. La question est toutefois de savoir comment agir de telle
sorte que notre pays retrouve son intégrité territoriale et la paix, et
que les six Français détenus par AQMI retrouvent leurs familles sains et
saufs, sans que ces libérations n’ouvrent la voie à une intervention
militaire qui mettrait en péril la vie des centaines de milliers
d'habitants du Nord Mali qui sont autant d'otages.
La guerre par procuration
Le
choix de la guerre se nourrit d'une connaissance insuffisante des
véritables enjeux. Jacques Attali donne à ceux qui veulent s’en saisir,
une clef de lecture qui prouve s'il en était besoin que l'intervention
militaire envisagée est une guerre par procuration. Selon lui, la France
doit agir « … parce que cette région (le Sahel) peut devenir une
base arrière de formation de terroristes et de kamikazes qui viendront
s’attaquer aux intérêts occidentaux un peu partout dans la région ; et
même, par de multiples moyens de passage, en Europe. Ils ne sont encore
que quelques centaines ; si rien n’est fait, ils seront bientôt
plusieurs milliers, venus du Pakistan, d’Indonésie et d’Amérique Latine.
Et les gisements d’uranium du Niger, essentiels à la France, ne sont
pas loin. » (Blog Attali. 28 mai 2012.)
La
distribution des rôles entre la France, la CEDEAO, l’Union Africaine,
l’Europe et l’ONU est clarifiée. La CEDEAO, dont de nombreux Maliens et
Africains ne comprenaient pas jusqu’ici le jeu trouble est en mission au
Mali. Selon Jacques Attali, l’organisation sous régionale devait agir
« pour redonner aux autorités civiles les moyens de décider, sans
peur, de rétablir la sécurité, de restructurer l’appareil militaire et
de faire redémarrer l’activité économique ; au Nord, pour mettre fin à
cette sécession, il faudra une action militaire sur le terrain, avec un
appui logistique à distance, des moyens d’observation, des drones et une
capacité d’encadrement stratégique.
Qui
peut faire tout cela ? Evidemment pas le gouvernement malien tout seul,
qui n’a ni armes, ni autorité. Pas non plus la CEDEAO qui n’a pas les
moyens militaires suffisants pour assurer l’ensemble de l’action
nécessaire et qui ne peut même pas espérer en recevoir la demande du
gouvernement malien, sous influence de forces incertaines. Pas non plus l’Union Africaine, en tout cas pas seule. Alors
qui ? l’ONU ? l’OTAN ? La question va se poser très vite. Elle est, à
présent, posée. Là encore, l’Europe devrait évidemment être unie et se
mettre en situation de décider et d’agir. Elle ne l’est pas. Or, si les
médiations actuelles échouent, il sera bientôt nécessaire de réfléchir à
mettre en place une coalition du type de celle qui a fonctionné en
Afghanistan. Avant qu’un équivalent du 11 septembre 2001 ne vienne
l’imposer »(Le Blog de Jacques Attali : le 28 mai 2012)
Tout
est donc clair. La guerre envisagée au Mali s'inscrirait dans le
prolongement de celle de l'Afghanistan, d'où la France et les États Unis
se retirent progressivement après onze années de combats et de lourdes
pertes en hommes, en matériel et finance. Le Sahel étant la zone
d'influence de la France, celle-ci prend la direction des affaires
concernant le Mali et sous-traite la violence militaire à la CEDEAO. Ce
transfert fait politiquement correct pour ne pas être accusé de
colonialisme et d'impérialisme, mais aussi pour réduire le coût de la
guerre et ne pas enregistrer d'autres pertes en vies humaines. Les
opinions publiques occidentales tolèrent de moins en moins que leurs
ressortissants meurent dans la défense de « nos » causes. Ainsi, au même
titre que les tirailleurs sénégalais, les troupes africaines sont
appelées à prêter main forte à la France.
La mondialisation des maux et des réseaux
Le
radicalisme religieux n'a pas besoin, dans un tel contexte, du nord du
Mali pour se répandre en Afrique de l’Ouest et dans le monde. L’économie
mondialisée sur la base de l’injustice et des inégalités est une
machine à broyer les économies locales, les sociétés et les cultures qui
lui offrent le terreau nécessaire.
De
la mer rouge à l’Atlantique, de l’Afghanistan au Nigeria, de Toulouse,
où Mohamed Merah a agi et a été abattu, à Tombouctou, les enjeux sont à
la fois idéologiques, civilisationnels, identitaires, mais aussi
économiques, politiques et géostratégiques. Les acteurs et les forces en
présence sont à peu près les mêmes, avec des variantes locales à
manipuler telle que la rébellion touareg au Mali.
Par
ailleurs, Afghans, Pakistanais, Algériens et autres prêcheurs ne sont
pas de nouveaux venus au Mali. Ils ont fait leur apparition dans les
mosquées, à partir de la décennie 90, au moment où les conséquences
sociales et humaines dramatiques des Programmes d’Ajustement Structurel
(PAS) sur l’emploi, le revenu et le lien social commençaient à se faire
sentir.
La perspective « badenya » comme alternative à la guerre
Des
femmes maliennes et africaines bien imprégnées des enjeux et des
rouages mortifères de la mondialisation néolibérale n’en cautionnent pas
les guerres. Aux valeurs guerrières et prédatrices de l’ordre
économique dominant, nous opposons des valeurs pacifistes, qui nous
réconcilient les uns avec les autres, ainsi qu’avec le reste du monde. Badenya, (enfants
de la mère) est l’une de ces valeurs que nous nous devons, femmes du
Mali, de cultiver d'avantage et d’opposer à la valeur masculinefadenya (les
enfants du père) qui dans sa version ultralibérale autorise la course
effrénée et fratricide au profit, au point de brader des entreprises
publiques rentables, de céder des terres agricoles aux dominants et
d'accepter la partition du territoire national.
Profondément ancré dans la perspective badenya, notre
refus de la guerre plonge ses racines dans une conception de la
procréation selon laquelle mettre un enfant au monde est déjà une
manière de monter au front (musokele). Et trop
nombreuses sont celles qui parmi nous périssent en enfantant. Nous
bataillons jour après jour contre la faim, la pauvreté, la maladie, pour
que chaque enfant grandisse, travaille, s’assume et assume sa part de
responsabilité.
Aussi,
en chaque soldat, comme en chaque rebelle et en chaque nouveau converti
au djihadisme qui vont s'affronter en cas de guerre, chacune de nous
reconnaît un frère, un fils, un neveu, un cousin. Hier, ils étaient en
quête d’un statut social à travers l'emploi, le revenu ou alors un visa.
Ce fut souvent en vain… A présent, ils ont entre leurs mains
tremblantes des armes de guerre.
La
lucidité et la maturité politique devront être nos armes dans ce monde
sans foi ni loi. Il n'y a aucune raison que le Mali s'engage sur un
terrain où la France et les États Unis d'Amérique reculent, en dépit de
la puissance de feu de l'OTAN.
A
l’économie de la guerre, nous femmes du Mali, opposons l’économie de la
vie en faisant de la transition en cours une occasion historique de
relever le triple défi du savoir, de la citoyenneté et du dialogue. Les
évolutions en cours sur le terrain, dont la volonté de négociation
d’Ansar Dine et du MNLA, la modification constante des rapports de force
ainsi que des stratégies et des interactions entre les différents
groupes présents, doivent être examinées avec l'attention nécessaire de
manière, non seulement à éviter une guerre potentiellement tragique mais
aussi à écarter les écueils des accords passés.
Les
concertations nationales envisagées depuis des mois doivent se tenir
enfin, permettant à la société malienne dans son ensemble de se
retrouver et de définir elle-même les bases et les conditions d’une
solution concertée (et non imposée) au conflit présent. Nous, femmes du
Mali, y contribuerons pleinement, comme demain nous contribuerons à la
refondation de la démocratie dans notre pays selon des valeurs de
société et de culture qui nous sont familières.
Il
s'agit, en somme, de crédibiliser, de renforcer la capacité d'analyse,
d'anticipation et de proposition de la société malienne, civile,
politique et militaire.
Nous
demandons à toutes celles et à tous ceux qui partagent notre approche
d'interpeller immédiatement les principaux acteurs de la communauté
internationale, par écrit ou sous toutes autres formes d’expression, en
plaidant pour que le Conseil de Sécurité n'adopte pas une résolution
autorisant le déploiement de milliers de soldats au Mali.
Signataires :
Aminata D. TRAORE ; SISSOKO Safi SY ; SANOGO Sylvie KONE ;
IMBO Mama SY ; Kadiatou TOURE ; TRAORE Sélikèné SIDIBE(Vieux) ; DICKO
Rokia SACKO ; Ténin DIAKITE ; DOUMBIA Fanta DIALLO ; KONE Mamou
TOURE ; TRAORE Sarata SANOGO ; TRAORE Penda DIALLO ; DIABATE Kadiatou
KOUYATE ; Aminata BOCOUM ; Oumou KODIO ; Assatou KAREMBE ; Awa KOÏTA ;
Aminata DOUMBIA ; Fatoumata COULIBALY ; Badji BOIRE ; Awa TOURE ; Bintou
KONE ; Fatoumata MARIKO ; Mariam KONE ; Minata DIARRA ; Oumou KEITA ;
Kadiatou DIALLO ; Kankou KONE ; Rokia NIARE ; Kadia DJIRE ; Ada
NANTOUMA ; Awa COULIBALY ; Soungoura DOUMBIA ; Fanta KANTE ; Safiatou
COULIBALY ; Djaba TANGARA ; KONE Mama DIARRA ; Ismael DIABATE ; Karamoko
BAMBA; Doumbi FAKOLY; Coumba SOUKO ; Clariste SOH-MOUBE ; Nathalie
M’DELA-MOUNIER ;
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