On le sait , le Malin va mal… mais ça ira
mieux demain ! C’est ce que tout le monde espère ! En
attendant :
- Ces jours-ci, les étudiants étaient en grève parce que l’on a diminué leurs bourses
scolaires plus que prévu, pour pouvoir payer les militaires ! .....puis
- .... des militaires ont abandonné leur poste à Djabali (où il y a eu de grands combats, il y
a un mois) et sont partis vers Ségou, pour y réclamer la prime promise, et qui
ne venait pas !... puis
- .... Un rédacteur en chef d’un journal s'est retrouvé en détention provisoire parce qu’il a
osé dire ce que beaucoup pensent tout bas, à propos du salaire accordé
avantageusement à un gradé de l’armée ! L’arrestation de ce journaliste a
provoqué la grève de toutes les médias (journaux, radio) pendant plusieurs
jours ! Pour en savoir plus, aller voir sur le site Malijet.com ou
afribone.com, ou écoutez RFI
Pour pouvoir parler plus librement, je préfère donner la parole à Aminata
TRAORE, mondialement connue : une sorte de « Stéphane Hessel à la
Malienne » (la formule est de moi, et n’engage que son auteur !!!). Voici
ce qu’elle écrivait sur la situation de guerre du Mali, du sort réservé aux femmes et la situation du Mali, en général : (source, Journal l’humanité)
L'ancienne ministre de la culture du
Mali fait partie des huit femmes "rédactrices en chef d'un jour de l'Humanité" de ce vendredi 8 mars,
journée internationale des droits des femmes.
"Je rends hommage à Stéphane Hessel,
qui reconnaissait à tout être humain le droit à l’indignation face à l’ordre
injuste et violent de notre monde. Je suis une femme malienne indignée par
l’humiliation infligée à son pays au nom de la démocratie libérale et de la
croissance sans le développement, l’emploi et le revenu. De mon point de vue,
il n’y a pas une crise malienne en tant que telle, exigeant la tutelle
politique et militaire de la France qui s’appuie sur la Cedeao, l’Union
africaine (UA) et l’ONU.
L’État du Mali est l’une des
expressions tragiques de l’échec du modèle néolibéral. Je rends également
hommage à Hugo Chavez, un autre homme de courage et de dignité, que son peuple
pleure aujourd’hui. Le président Hugo Chavez ne s’est pas enrichi, mais a
accordé la priorité à la satisfaction des besoins sociaux vitaux des
Vénézuéliens en y consacrant l’argent du pétrole.
D’élection en élection, nous
cherchons au Mali, mais en vain, des dirigeants qui se soucient de leurs
concitoyennes au lieu de chercher à plaire aux investisseurs étrangers et à
vendre notre or et nos terres agricoles à notre insu. Nous sommes confrontés,
en Afrique, à la crise des valeurs que Stéphane Hessel et Hugo Chavez, que j’ai
eu le privilège de connaître, incarnent à mes yeux : le respect de la dignité
humaine et la volonté politique d’écouter et de répondre aux questions
légitimes que les peuples se posent.
Le pétrole, qui a permis à Hugo
Chavez de disposer des moyens de sa politique sociale, est, précisément, la
richesse énergétique dont la convoitise nous a valu l’intervention de l’Otan en
Libye, dont les arsenaux ont fourni aux séparatistes et aux islamistes les
armes de la conquête des régions de Kidal, Gao et Tombouctou. Nous sommes, à
présent, confrontés au monde global, dans sa complexité, ses mensonges, ses
crises et ses violences.
Les puissances occidentales, qui ont
transformé la résolution 1973 du Conseil de sécurité visant à protéger les
populations de Benghazi en mandat de renverser le régime de Mouammar Kadhafi et
de le tuer, ont créé les conditions de la victoire militaire des séparatistes
et des islamistes sur l’armée malienne, l’occupation du Nord et par conséquent
les violences faites aux femmes et la destruction des mausolées. Présentée
comme inéluctable, la guerre contre le terrorisme a été déclenchée le
11 janvier 2013 avec l’opération «Serval». Un accord quasi unanime, mais
tragique pour le peuple malien entoure cette intervention.
« La guerre légitime, légale, rapide
et propre », que le président par intérim, Dioncounda Traoré, prétendait mener
à bien, avec l’appui de la « communauté internationale » est déjà dans
l’impasse. La France qui
le sait, envisage de se retirer et
impose unilatéralement
la transformation de la Mission
internationale de soutien au Mali (Misma) en force de maintien de la paix. Les
djihadistes font preuve, à Gao, Kidal et dans l’Adrar des Ifoghas, d’une
résistance farouche qui ne surprend que ceux qui ne veulent pas méditer les
enseignements de l’Irak, de l’Afghanistan et de la Somalie.
Ce 8 mars 2013 est pour moi
l’occasion d’insister sur les risques que les choix et les décisions des
dominants nous font courir. Je rends hommage à toutes les femmes, mères,
épouses, tantes, sœurs et autres parentes de soldats maliens, français,
tchadiens, nigériens, nigérians, sénégalais… ainsi qu’aux parents des otages
qui ont les yeux tournés vers le nord de mon pays et qui craignent pour la vie
d’un être cher. La peur des mères et épouses des soldats maliens est à la
dimension de l’état de dénuement et d’impréparation de notre armée.
Par ailleurs, les soldats ne se
battent pas que contre les fanatiques. Les milliers de chômeurs, d’affamés et
de désespérés qui deviennent des rebelles, des convoyeurs de drogue et
nouvelles recrues du djihadisme sont eux aussi nos enfants. Pendant combien
de temps les dominants vont-ils continuer à ouvrir des fronts et des plaies
en jurant, la main sur le cœur, par la démocratie, les droits de l’homme, la
responsabilité de protéger les civils et de défendre les femmes contre les
violences ? La guerre
est une violence extrême contre ces
femmes. Mettons
un terme à la militarisation du Mali
en engageant la bataille des idées pour des alternatives aux fondamentalismes
religieux, économique et politique."
La rédactrice en chef d'un jour
Aminata Traoré
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire