lundi 2 décembre 2013

N° 22 VISAGES ET PAYSAGES




        2 décembre 2013
-          Bonjour à chacune et chacun ! Quelques flashes de ma vie ici, en textes et en images :
sur la piste en pays Dogon, on provoque un nuage de poussière !
rencontres insolites !
la piste a aussi ses surprises et ses dangers
ensablement dans la plaine au pays Dogon
-          Du 17 au 23 novembre, je suis parti pour une semaine en voyage au PAYS DOGON . Occasion de voir les missions catholiques installées à Bandiagara, Pel, Koro et Barapireli. Cela m’a permis de comprendre pourquoi, ils aspirent à une bonne bière fraiche quand ils arrivent à Mopti ! Vu l’état des pistes, et la quantité de poussière avalée, cela se comprend facilement !!! Cela m’a permis de comprendre un peu mieux la réalité de vie des gens… vérifier que les récoltes ont été très moyennes (dans la plaine) ou pas bonnes du tout sur la plateau de Bandiagara (où il y a 10% de terre cultivable et 90 % de rocher !).
le mil récolté est entassé, avant d'être mis dans les greniers
avec Serge, enseignant  à Koro
-          Le 24 novembre a eu lieu le premier tour des élections législatives : environ 1000 candidats (dont 150 femmes) pour 147 sièges à l’assemblée nationale.La campagne électorale n’a pas mobilisé les foule. Les nombreux partis politiques ont dû faire des alliances, parfois étonnantes. Le jour du vote, les foules ne se sont pas déplacées… on annonce 38 % de votants. Le second tour est prévu le 15 décembre. Ainsi sera rétabli l’ordre constitutionnel voulu par tous, et surtout par la communauté internationale ! Ainsi le pays pourra continuer de se reconstruire dans la Paix, la sécurité et la justice pour tous.
on affiche ses préférences électorales partout,.... sur le pare-brise de sa voiture
sur sa maison...
ou sur sa moto !

-          Durant ces dernières semaines, j’ai pu assister aussi à la mise en route de plusieurs équipes de JOC (jeunesse ouvrière croyante), dont six (6) équipes qui démarrent dans un gros lycée technique (catholique) avec celles et ceux qui sont internes.  Il y a aussi une nouvelle équipe MMTC (mouvement malien des travailleurs croyants) qui commence à Mopti même. Pour comprendre leur vie, voici quelques portraits (les prénoms ont été changés)

PORTRAIT DE JEUNE :
Je m’appelle Seydou…... Je suis né en 1984 à Mopti même, et je suis célibataire. J’ai essayé des fiançailles, mais ça n’a pas abouti. Je suis allé à l’école, mais j’ai arrêté en 6ème année, (équivalent de la 6ème en France)  pour pouvoir travailler et subvenir à mes besoins. Maintenant, depuis 3-4 ans, je suis des cours du soir. Je suis  au niveau de la 10ème année (équivalent de la seconde)
Le métier du cuir, je l’ai appris dans ma famille. Depuis que je suis enfant, j’ai vu mes parents (de la famille de ma mère) faire ce travail, et je l’ai appris en le faisant avec mes grands frères depuis 1997 jusqu’à 2007 ; je travaillais comme apprenti sans être payé. Depuis 2007, je travaille pour moi dans cet atelier et je suis inscrit comme artisan à la chambre des métiers. Mon grand frère est parti travailler en Angola. Un autre frère, travaille dans un autre quartier de Mopti.
Ce qui me plait dans ce travail, c’est que je suis heureux de le faire ; et je suis heureux parce que je l’aime ! J’aime faire de la création (de chaussures par exemple). J’invente des modèles. Le plus difficile pour moi, c’est le manque de matériel adapté ; pour coudre le cuir, on utilise une machine à coudre le tissu… alors ça casse souvent !
Moi, je trouve que avant de travailler, il faut avoir le cœur ! Avant de faire le travail, il faut l’aimer ! Et si tu l’aimes, tu as le courage pour le faire, et tu fais alors du travail sérieux. Car pour travailler le cuir, il faut faire les choses sérieuses, car c’est un travail minutieux et précis. S’il y a le marché et du travail, je peux gagner jusqu’à 60 – 70 000 cfa par mois (plus ou moins 100 euros), mais actuellement, il  n’y a pas de touristes et peu de travail.    
A la JOC, ce que je trouve qui est bien c’est qu’on se retrouve ensemble chrétiens et musulmans et qu’on peut discuter et agir, sans différence entre nous, et on apprend à mieux se connaitre.



PORTRAIT D’ADULTE :
Je m’appelle Gilbert, j’ai 51 ans, je suis marié avec Salimata et nous avons 4 enfants.Ma femme et donc musulmane, comme le dit son nom, on s’est marié à l’église sans problème, et mes enfants sont catholiques parce qu’ils ont voulu suivre le chemin de leur papa. C’est comme cela aussi dans toute notre grande famille.. Nous sommes originaires de Kayes, de cette région où beaucoup de Maliens sont partis ou partent encore pour la France. Quand j’étais jeune, j’aurais bien voulu partir, mais je n’avais pas les moyens financiers. J’ai beaucoup d’amis qui sont partis aux USA ou au Canada. Moi j’ai voyagé… mais dans le Mali ! J’ai quitté ma région d’origine quand j’étais enfant, j’avais environ 12-13 ans. Je suis parti avec mon grand frère (qui était professeur d’anglais) et j’ai fait mes études  à Mopti à partir de la 6ème. Il y a plus de 1 000 kms entre Kayes et Mopti. J’y suis resté, et ici mon premier travail ça a été d’être commis de commerce. Puis j’ai travaillé pour laver les motos et les voitures. Ensuite, j’ai travaillé pendant 4 ans à la mission catholique.J’ai quitté ce travail et je suis parti dans le Nord du Mali à Diré. Il faut une journée entière de transport pour y arriver. J’y suis parti seul, et j’ai laissé ma femme et mes enfants à Mopti. Là-bas, j’ai ouvert un bar, et j’y suis resté pendant 5 ans  (de 2005 à 2010). Je faisais la navette une fois par mois entre Diré et Mopti, pour faire du ravitaillement. En 2010, je suis retourné dans mon village natal, pour voir si je pouvais y installer un commerce ; j’y suis resté 8 mois, car ça correspondait avec les condoléances suite au décès de ma mère. J’y ai mangé toutes mes économies, et je n’ai rien pu faire.
Le 22 décembre 2010, j’ai retraversé tout le Mali et je suis revenu à Mopti. Pendant un an , je suis resté au chômage ; heureusement que ma femme travaillait dans un jardin d’enfants et apportait un salaire à la maison. Grâce à l’appui de mes camarades, j’ai pu survivre. Et le 4 décembre 2011, j’ai eu ce travail comme responsable d’un dépôt de boissons.
Ce qui me plait dans ce travail ? D’abord, je le connais ! c’est mon premier métier;  je l’ai trouvé dans ma famille… mon papa tenait un bar. Je suis reconnu dans ce travail, je gère la caisse, le dépôt et aussi les deux collègues qui travaillent ici. Et puis, grâce à l’alcool, on apprend à connaitre les gens, leurs besoins, leurs soucis !
Pourquoi j’ai rejoint le MMTC ? Parce que j’en avais entendu parler, mais je ne connaissais pas. Avec le groupe qu’on est en train de mettre en place, je trouve qu’on peut se faire de nouvelles relations et qu’on pourra se soutenir parce que la vie n’est pas facile. Le plus gros problème ici à Mopti c’est le logement. Ça me coute presque la moitié de mon salaire ; c’est énorme. Après il faut manger.. Le MMTC peut nous aider , je crois à mieux vivre notre vie quotidienne, car ce n’est pas facile d’être responsable d’un commerce quand tu travailles pour quelqu’un.po Ce qui est bien aussi au MMTC, c’est qu’on se retrouve ensemble chrétiens et musulmans ; c’est une chance ; pour nous c’est quelque chose de naturel, et en même temps, la Foi chrétienne, j’y tiens ! Personne ne pourra me l’enlever !

-          Nous sommes en décembre ! (en France aussi ?) çà veut dire que nous nous préparons aux fêtes de Noël et de fin d’année, mais dans une ambiance particulière. Voici l’article, déjà écrit pour un bulletin paroissial en Vendée, et que je suis heureux de vous partager :
NOEL AU NORD DU MALI, plus précisément à Mopti !
Pour avoir passé déjà 10 ou 11 fêtes de Noël au Mali, je peux vous dire comment va se passer la prochaine !  Apparemment, vu de l’extérieur, ce sera un jour « comme les autres ». Nous sommes dans un pays qui se dit musulman à 90%. Les Chrétiens catholiques représentent entre 1 ou 2%. Dans les rues, rien n’annonce cette fête. Les guirlandes électriques seraient  une provocation dans un pays où les 3/4 de la population n’ont  pas droit à l’électricité. Et ceux qui sont branchés (j’en fais partie) doivent subir de nombreux et longs délestages ! Pas d’articles particuliers ou décoration dans les magasins. La vie suit son cours… normalement. Dans les communautés chrétiennes, on s’y prépare matériellement, en achetant le fameux « pagne de la fête ».
pagnes de Noel 2013... vous voulez quelle couleur ?
 En effet, pour chaque fête (Noël, Pâques, ordination, etc) des kilomètres de tissus sont imprimés pour montrer l’événement. Tout le monde (ou presque !) en achète pour se faire confectionner une robe, un boubou, une chemise… Et le jour de la fête, tout le monde porte cet uniforme : une manière de s’habiller le cœur de manière nouvelle, de se sentir en communion, et aussi  d’afficher sa foi chrétienne aux amis et voisins. La nuit de noël, la célébration aura lieu vers 20 h (il fait nuit à 18 h 30)…deux bonnes heures avant des chants et des danses, et des sketches avec les amis de Kisito (équivalent de l’ACE) Après la messe, chacun rentre chez soi, comme il peut, car il n’y a plu de transport collectif. Le jour de Noël, messe à 9h (il fait déjà chaud) : même ambiance, mais  à cette célébration, la communauté chrétienne s’est agrandie avec les amis Musulmans, qui sont là aussi, par solidarité. Juste avant  la communion, il faut alors préciser que ce « geste est réservé aux chrétiens » ! Et la messe se termine par des danses qui se prolongent jusque dans la rue, au milieu des passants, et des travailleurs du port qui est juste en face de l’église de Mopti.
danse le jour de Noel (2010) à la sortie de l'église de Mopti, en face le fleuve
FETE DANS LA SIMPLICITE et DANS  UNE AMBIANCE INTER-RELIGIEUSE, comme l’est la vie quotidienne.

-          Cette année 2013, la fête de Noël est « doublée » (une manière de parler) par une triple fête qui aura lieu les 28 et 29 décembre, et que les chorales préparent activement : fête de la fin de l’année de la Foi + (surtout) ouverture de l’année du jubilé (50 ans de la création du diocèse) et ordination de Jean-Baptiste et Toussaint comme prêtres. …. Photos et compte-rendu au prochain blog !

QUELQUES VISAGES DE LA MISSION.... qui viennent vous dire "Bonnes fêtes de fin d'année...dans la simplicité et le partage!"

Elie, le gardien de jour

Brouahima, le cuisinier




 Brouahima, le cuisinier


avec Emma, la femme de ménage

avec Awa, aide-ménagère chez les religieuses
Nous les enfants, au club "amis de Kisito", nous vous disons BON NOEL

 

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